Flambée des coûts de construction, baisse des autorisations de construire, resserrement des crédits… l’immobilier neuf en Pays de Savoie s’enlise dans la crise. Les prix continuent d’augmenter malgré la chute brutale des ventes.
En Haute-Savoie, et surtout dans le Grand Annecy, les réservations d’appartements neufs ont été divisées par deux en 2023, soit -46 % (avec 357 ventes) par rapport à 2022, et sont inférieures de 65 % à leur niveau de 2021 (1 027).
« Du jamais vu à Annecy depuis plusieurs décennies », alerte Vincent Davy, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Alpes. « Les ventes s’érodent de trimestre en trimestre, du fait des taux directeurs de la Banque centrale européenne, qui ont explosé en 2023, atteignant 4,22 %, au lieu de 1,06 % en 2021. Les banques ne prêtent plus, ou moins. »
Baisses généralisées
Dans ce contexte, les ventes aux investisseurs privés tombent à 20 %, contre 30 % deux ans plus tôt. Et la FPI Alpes de prôner « la restauration d’un statut de bailleur privé, pour relancer la commercialisation des programmes et, in fine, créer du logement locatif ». « Pour cela, les Français qui ont les moyens d’investir dans la pierre doivent être soutenus », insiste Vincent Davy.
Tout aussi préoccupant, le niveau des mises en chantier poursuit sa baisse, signe que les promoteurs renoncent à lancer de nouvelles opérations. À l’inverse, à Annecy et dans l’agglo, l’offre disponible a rarement été aussi importante. Elle croît de 50 %, à 642 logements à fin 2023, avec un délai d’écoulement (DPE) anormalement élevé, qui s’établit à 21,6 mois, contre 7,7 mois il y a seulement un an. Parmi les raisons invoquées : la hausse des taux de crédit et l’envolée des prix sur un territoire très prisé. Dans le bassin annécien toujours, ils culminent en moyenne à 6 475 euros le mètre carré, contre 5 430 €/m2 en 2022.
Dans le Genevois français, les ventes plongent de 39 %, à 1 000 logements. Tous les secteurs reculent, du Pays de Gex (295 réservations contre 477) au Chablais (357 ventes, deux fois moins qu’en 2022). Idem pour les mises en vente, en repli de 51 % en 2023. Dans le même temps, les prix moyens s’apprécient, passant de 5 257 € à 5 582 €/m2.
Densifier
Une situation alarmante que la FPI Alpes observe également en Savoie. Dans Grand Chambéry, seulement 320 logements neufs sont réservés, soit 36 % de moins qu’en 2022 et -52 % par rapport à 2021.
Comme à Annecy, la part des appartements achetés en accession sociale baisse de moitié (63 en 2023). Et le nombre de mises en vente fléchit de 21 % (478 logements neufs), alors qu’il affichait +30 % entre 2021 et 2022.
Ici encore, le stock grossit, avec au total 628 biens disponibles. Les valeurs moyennes augmentent : compter dorénavant 4 512 €/m2, au lieu de 4 188 € en 2022 et 3 825 € en 2021. Cette hausse concerne également Grand Lac, où un logement neuf se vend 5 399 €/m2 (4 997 € en 2022).
Vincent Davy (en photo), le président de la FPI Alpes n’y va pas par quatre chemins : « Sans densité, on ne pourra pas baisser le prix de vente des logements ! En d’autres termes, cela signifie aussi rehausser les bâtiments existants, quand certaines collectivités – comme Grand Annecy – nous demandent de baisser leur hauteur. Autre point capital : il faut resolvabiliser les ménages. Nous allons dans le bon sens avec un repli des taux amorcé en janvier. »
Patricia Rey
Photo Une programme Eloquence à Annecy ©Edifim
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