La conférence agricole du Département se sera passablement concentrée sur le renouvellement des générations. Un problème qui pourrait finir par impacter l’industrie agroalimentaire s’il n’est pas résolu.
Avec près de 6 000 nouveaux arrivants dans l’Ain chaque année, le département a besoin plus que jamais de l’agriculture pour nourrir ses habitants. À l’occasion de la conférence agricole, le 17 novembre à Attignat, le Conseil départemental, la Chambre d’agriculture, la Confédération générale de l’agriculture (CGA) et le public se sont relayés pour évoquer l’avenir de l’élevage et plus généralement du secteur agricole.
Ont bien sûr été abordées les questions de l’eau, du changement climatique, des salaires, du développement de l’alimentation de proximité, du développement touristique au travers de la promotion des produits locaux, du loup ou encore, du bien-être des agriculteurs. Le sujet le plus évoqué a toutefois été le renouvellement des générations.
« Le constat est posé depuis une dizaine d’années et notre département ne fait pas exception, a ainsi relevé Alice Courouble, porte-parole de la Confédération paysanne de l’Ain et éleveuse à Ambronay. Si on ne fait rien, le nombre d’exploitations continuera de baisser, accéléré par le vieillissement rapide de sa population active. Nous avons besoin d’installations. Mais aujourd’hui, nous ne pouvons plus compter sur les seuls enfants d’agriculteurs. Nous avons besoin de personnes qui viennent de l’extérieur. »
Baisse de production
Autre problématique, si les nouveaux profils sont une chance pour la diversité de ce secteur en apportant une vision et des projets différents, ils n’ont pas forcément la même connaissance du milieu qu’un enfant d’exploitant. Un sujet de formation auquel le département est particulièrement attentif.
« Nous avons des capacités de transformation laitière et d’abattage de bovins conséquentes. Si nous perdons trop de volumes de production, à terme, cela pourrait compromettre l’existence de ces industries agroalimentaires, très importantes pour notre tissu rural et économique, observe Jean-Yves Flochon, vice-président du Conseil départemental délégué à l’agriculture, à l’environnement et à la préservation de la biodiversité et des ressources, à l’issue de la conférence. Nous n’en sommes pas encore là. Mais, il faut que nous nous retroussions tous les manches pour conforter la production. »
Pour soutenir les futurs agriculteurs, le Département finance notamment un point info installation au sein de la Chambre d’agriculture. « L’an passé, nous avons également renforcé notre financement aux jeunes agriculteurs de 50 000 à 75 000 €. Cela leur permet sur les trois premières années d’installation, de bénéficier d’un accompagnement à la fois technique et financier. Certaines personnes en ont plus besoin que d’autres. Aussi, nous sommes très favorables à ce que ces enveloppes soient fléchées prioritairement vers ceux qui s’installent hors cadre familial », précise-t-il. Annuellement, le Département soutient la Chambre d’agriculture à hauteur de 600 000 €.
Le département compte 437 exploitations laitières, 284 exploitations pour la viande bovine et 55 exploitations mixtes. Pour les exploitations porcines et de volailles, le chiffre s’élève à 158.
Valoriser la volaille de Bresse
La conférence agricole a été également l’occasion de signer une convention de partenariat entre les conseils départementaux de l’Ain et de la Saône-et-Loire, ainsi que le Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse (CIVB) pour valoriser l’AOC créée dans les années 1950.
« Avec la Saône-et-Loire, nous sommes les deux principaux producteurs de volailles de Bresse, suivis par le Jura. Le savoir-faire de nos éleveurs est un véritable étendard pour nos départements. Grâce à la signature de cette convention, nous allons pouvoir consacrer davantage de moyens en communication et faire connaître le cahier des charges de l’appellation. Nous devons notamment montrer pourquoi la volaille de Bresse se différencie des autres. C’est un produit de qualité, avec des critères qui ne sont exigés nulle part ailleurs. Il s’agit d’ailleurs de la seule volaille au monde avec une AOP et une AOC. Cela mérite d’être souligné », a expliqué le président de l’Ain, Jean Deguerry.
Dans l’Ain, 1 635 exploitations agricoles ont une activité d’élevage, soit 54 % des exploitations aindinoises.

Solidarité Paysans soutient les agriculteurs en difficulté
En 2022, l’association a accompagné 148 exploitations dans les deux départements du Rhône et de l’Ain.
« Créée en 1997 dans le Rhône puis en 2010 dans l’Ain, Solidarité Paysans arrive à une situation où elle a besoin de recruter de nouveaux bénévoles, a précisé Didier Bonnard, vice-président de l’association en charge de l’Ain, lors du café rencontre qui se déroulait à la mairie de Rossillon, jeudi 16 novembre dernier. Nous avons réalisé 81 accompagnements au 16 novembre, contre 41 en 2017 pour le département. »
La demande se développe, d’abord parce que l’association est mieux connue par une présence conséquente sur le territoire ; ensuite parce que les exploitants doivent faire face à une forte inflation et à la crise énergétique. « Un thème particulier s’ajoute à ce contexte : les exploitations en bio ont plus de mal à vendre leur production, tandis que la ménagère a réorienté ses achats », ajoutait Didier Bonnard.
La preuve qu’il n’y a pas de profil type. Tout le monde agricole peut être touché, quels que soient la taille, la date d’installation et le mode de commercialisation. « Les difficultés sont extrêmement variées et nous intervenons gratuitement, dans le non-jugement et la confidentialité », insistait Lorraine Peynichou, salariée de l’association. Tout cela est possible parce que l’antenne aindinoise est financée à 85 % par l’Agence régionale de santé (ARS), la MSA, le Département et les collectivités territoriales. Le reste émane de mécénats.
« Sur l’Ain, nous comptons 30 bénévoles en équivalent temps plein qui interviennent, toujours par binôme, une fois par mois pendant deux à trois ans. Mais cela peut aller au-delà, jusqu’à 10 ans », notait Lorraine Peynichou. Aussi, avec une hausse des demandes d’accompagnement de +10 % chaque année et un sous-effectif de bénévoles sur les secteurs de Revermont et du Bugey, l’antenne recrute. « Avoir cinq nouveaux bénévoles, ce serait bien », formulait Didier Bonnard, avec une préférence pour des personnes proches du monde agricole, mais l’association n’est pas fermée sur ce critère de “sélection”.

Joséphine Jossermoz et Carole Muet
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