Le département s’est fait l’écrin de la souveraineté énergétique et de la transition écologique, avec la première édition de la Matinée du granulé.
« Dynamique et moderne, la filière du chauffage au pellet compte plus de 70 usines de granulation sur le territoire français. Nous sommes passés d’une production de 200 000 tonnes en 2008 à 2,2 millions de tonnes actuellement », a annoncé Yann Denance, président de Propellet, l’association nationale de la filière, à l’occasion de la Matinée du granulé qui s’est déroulée, mercredi 22 mai dernier, sur les communes de Saint-Vulbas, de Meximieux et de Charnoz-sur-Ain, au cœur de trois sites représentatifs de la chaîne de valeur du secteur.
« Cette première édition marque le début d’une série de rencontres à travers tout le pays, ajoutait-il. Nous avons eu le sentiment, l’année dernière, d’avoir disparu du mix énergétique français. Pourtant, le bois-énergie est une ressource locale et circulaire. Nous ne coupons pas d’arbres pour faire du granulé. »
En effet, contrairement aux idées reçues, celui-ci est issu à 100 % des coproduits de l’industrie du bois (copeaux ou sciure). Au plus proche de l’activité sylvicole, cette filière génère 26 000 emplois directs ou indirects.
« C’est un vrai acteur économique », a encore insisté Yann Denance auprès des représentants de la région Auvergne-Rhône-Alpes, des départements de l’Ain et du Rhône, des chambres consulaires et des experts en qualité de l’air venus en nombre à cet événement de la souveraineté énergétique et de transition écologique.
« Vous êtes nos relais de demain », relevait le président de Propellet. L’énergie dans le bâtiment se doit d’être au centre des préoccupations politiques et citoyennes.
Développer la filière
« Nous ne savons pas suffisamment que l’Ain est un département forestier, soulevait, pour sa part, Charles de La Verpillière, vice-président du Département de l’Ain, en charge de la contractualisation et l’aménagement du territoire. Du bois jusqu’au granulé, il rassemble toutes les étapes possibles et imaginables, avec la transformation, les scieries et les granulés. Nous tenons beaucoup à cette activité forestière et c’est pourquoi, à Cormaranche-en-Bugey, le Département soutient les centres d’enseignement des métiers du bois. »
De son côté, Philippe Meunier, vice-président régional délégué à l’aménagement du territoire, au bois et à la forêt, réaffirmait l’engagement de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) à travers son plan forêt bois : « Nous avons déjà investi 60 millions d’euros dans cette filière. Et aujourd’hui, je viens vous annoncer que nous renouvelons ce plan régional au même niveau que le premier, pour permettre son développement, notamment via le dispositif “Investir dans ma scierie” et un autre visant à encourager l’aménagement de plateformes de stockage, tri ou arrosage des bois ».
C’est important dans la mesure où « la forêt recouvre 37 % de la région Aura dont les deux tiers en montagnes », rebondissait Eric Vial, délégué général Propellet.
18, c’est le nombre d’usines de granulés implantées au niveau régional.
Rendement énergétique
« De l’habitat individuel au secteur collectif, nous comptons entre 3 000 et 4 000 clients, indique Christophe Saint-Cyr, directeur général délégué de l’usine Vert Deshy, à Meximieux. Lorsque le marché s’est emballé, notre standard téléphonique est passé de 40 à 400 appels par jour, sur la période du 15 mai au 15 septembre 2022. Cela a été une vraie difficulté. Nous vendions au coup par coup. »
En termes de rendement énergétique le granulé est un combustible extrêmement performant puisqu’il est de l’ordre de 85 à 107 % selon les appareils. Aujourd’hui, le granulé bois a retrouvé une stabilité de prix, de l’ordre de 300 € la tonne en été et de 370 € la tonne en hiver.
Avec une production de 35 000 tonnes par an et un chiffre d’affaires de 10 M€, Vert Deshy est un acteur clé de la filière du granulé en France. Elle produit un granulé de bois issu à 100 % de sciures de résineux non traités, assurant une qualité optimale pour les appareils de chauffage.
En 2023 la production de granulé était d’environ 2,2 millions de tonnes, soit 85 à 90 % de la consommation nationale.

Dans le respect de l’environnement
Aucune forêt française n’est destinée à la production de bois-énergie. L’objectif est toujours de produire du bois d’œuvre, le seul à même de valoriser les opérations forestières. Fondé en 1929 dans l’Ain, le groupe familial Monnet Sève Sougy emploie 750 collaborateurs pour 215 M€ de chiffre d’affaires en 2024.
La société compte dix usines réparties sur six sites, dont Outriaz et Saint-Vulbas (80 personnes) dans l’Ain, et Rumilly dans la Haute-Savoie. Elle dispose de cinq scieries, deux usines de lamellé-collé, deux menuiseries, une unité de fabrication de pellets (granulés) et une centrale de cogénération.
« Aujourd’hui, nous sommes leader de la première et de la seconde transformation de résineux en France, précisait son président directeur Stéphane Vives. Nous transformons 1 100 000 m3 de bois qui sont issus de forêts durablement gérées. Notre stratégie est de nous situer au plus près de la ressource et de nos clients. C’est pour cela que nous avons plusieurs usines en France pour être proche des forêts pour prélever juste ce qu’il faut. »
Chez Monnet Sève Sougy, 100 % du bois prélevé est utilisé, même les coproduits comme la sciure, les plaquettes, les écorces. Tout est valorisé, rien n’est jeté. Chaque année, la scierie de Saint-Vulbas produit 570 000 m3 de sciage et un million de mètres cubes de grumes sciées. Ce qui en fait l’un des piliers essentiels de l’industrie du bois dans la région.
« Nous améliorons sans cesse nos rendements afin de mieux valoriser notre matière première, ajoutait Stéphane Vives. Malgré son âge, l’entreprise n’a jamais été aussi jeune avec l’envie d’entreprendre. Sur le pellet, nous augmentons notre capacité de 40 000 à 80 000 tonnes de granulés en doublant les sécheurs. Et afin de trouver d’autres débouchés pour les produits connexes de sciage, en plus du pellet, nous étudions la chimie verte. »
Aujourd’hui la filière du granulé est mobilisée et en plein développement pour répondre à nos besoins énergétiques. Comme l’a rappelé Eric Vial, délégué général Propellet, « il est important d’agir ensemble pour un chauffage décarboné et renouvelable. Le granulé a sa place dans le mix énergétique français. Aujourd’hui, deux tiers de la chaleur renouvelable est produit à partir du bois-énergie. Conscients de ces atouts et de son potentiel, les représentant politiques ont placé le chauffage au bois au cœur de la RE 2020 ».

Carole Muet
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