Crise oblige, les entreprises donnent à leurs bâtiments, un caractère moins ostentatoire.
Qu’il s’agisse du siège, des sites de production ou de boutiques, l’image d’un bâtiment rejaillit sur celle de l’entreprise. Mais cette évidence peut donner lieu à des choix très différents. «La tendance des années 2000 était à une architecture très expressive, très démonstrative, pour donner une impression de qualité et de modernité», se souvient Philippe Delers, architecte dont l’entreprise, Delers et Associés, avait fait de l’immobilier d’entreprise un fer de lance, à ses débuts, en 1995. Depuis, ce marché s’est considérablement réduit, avec la crise. Et le message véhiculé par les bâtiments n’est plus du tout le même. «Entre les difficultés conjoncturelles et les contraintes environnementales — qui se traduisent par des murs plus épais pour des constructions moins énergivores —, la sobriété revient au goût du jour, estime le professionnel. Avec le chômage, les restructurations, il n’est plus possible d’avoir un bâtiment trop ostentatoire.»
Aussi, pour concilier cette exigence nouvelle avec la volonté d’afficher le dynamisme et la contemporanéité des entreprises, les architectes retournent à des théories de la période moderne. «Less is more», «L’ornement est un crime», cite Philippe Delers. «Le matériau, la lumière et la géométrie donnent sa personnalité à la façade, pas ce que l’on y ajoute, décrypte-t-il. On retrouve ces thématiques (fonctionnalité, sobriété, performance énergétique), y compris dans la commande publique. Les donneurs d’ordres ne veulent plus de double-façades qui créent des contraintes de maintenance.»
En revanche, ces différentes problématiques profitent au matériau bois. «Avec des épaisseurs d’isolant de plus en plus importantes, un bardage offre une alternative d’écriture de la façade. C’est par ailleurs, un matériau intrinsèquement stockeur de carbone. Et cela peut être un vrai argument pour qui veut insister sur l’aspect environnemental de son bâtiment. A condition, bien sûr, de choisir un bois issu de forêts gérées durablement», explique l’architecte qui cite le siège de l’entreprise Girod-Moretti, à Géovreissiat, dessiné par son confrère Gilles Peillon. «On a là une démonstration du savoir-faire de cette entreprise de charpente, à une échelle qui reste humaine, sans ostentation, avec une vraie liaison entre les bureaux et les ateliers.»
D’ailleurs, un autre aspect influence, aujourd’hui, l’approche des architectes : le confort visuel et acoustique du lieu de travail. «On a longtemps conçu de grands plateaux libres, en open space. Des conditions d’exercice rudes pour les salariés, en termes d’acoustique et de luminosité.» Là encore, une page se tourne.
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