Chambéry : un bassin invisible mais essentiel

par | 03 août 2018

L’agglomération construit un bassin de rétention des eaux de pluie, essentiel pour l’environnement comme pour le nouveau quartier en cours de construction.

Trente-deux mètres de diamètre, soixante mètres de long, dix à douze mètres de profondeur, une contenance de 8 000 mètres cubes, des pieux ancrés jusqu’à vingt-cinq mètres de profondeur : le futur bassin de stockage des eaux de pluie de l’agglomération chambérienne est un ouvrage conséquent. Son prix l’est aussi : 11 millions d’euros, la moitié apportée par l’Agence de l’eau (elle octroie également un prêt à taux zéro de 2 millions d’euros).

Pourtant, lorsqu’il sera terminé, il sera pratiquement invisible. Seul dépassera le local technique. Invisible, et sans doute inconnu des Chambériens, peu intéressé par ce patrimoine industriel de la collectivité. Chambéry Métropole a pourtant de bonnes raisons d’investir autant : la gestion des eaux de pluie, et des polluants qu’elle charrie, est un vrai problème.

Un nouveau combat pour l’eau

À quelques centaines de mètres du chantier, la station de traitement des eaux de l’agglomération chambérienne est capable d’absorber 8 000 mètres cubes d’eaux usées par heure. Presque toujours largement suffisant… sauf quand le temps vire à l’orage et que des trombes d’eau se déversent en peu de temps. Le problème, c’est que ce premier flux d’orage lessive les sols urbains, et que c’est une eau relativement chargée qui n’arrive pas à entrer dans la station et qui, jusqu’à présent, était simplement évacuée dans la Leysse.

Relativisons : le phénomène concerne 300 000 à 400 000 mètres cubes par an, alors que la station d’épuration traite sept millions de mètres cubes d’eaux usées… mais il reste bien réel. Le futur bassin permettra de stocker temporairement jusqu’à 8 000 mètres cubes de ce premier flux, pour le rediriger ensuite vers la station, lorsque les éléments se sont calmés. « Cette gestion des flux d’orage est un des derniers grands chantiers à réaliser pour la protection du lac du Bourget, assure Xavier Dullin. Aix-les-Bains fait de même de son côté avec le bassin des Biâtres. » Le directeur de la délégation Rhône-Alpes de l’Agence de l’eau, Yannick Prebay, confirme : « Après la lutte contre les pollutions domestiques et industrielles, la gestion des temps de pluie est le dernier point noir à traiter. L’opération est d’ailleurs une des plus importantes de ces dernières années dans le département. »

L’enjeu ? Lutter contre « les micropolluants, très présents dans ces eaux de pluie », assure le maire de Chambéry et ex-président du comité de bassin Rhône-Méditerranée Michel Dantin. L’ouvrage participera aussi au combat qui s’annonce contre les résidus médicamenteux, des polluants dont on commence seulement à mesurer les effets délétères, notamment sur la flore et la faune piscicoles. Les travaux sont confiés au groupement d’entreprises Soletanche Bachy. Ils devraient être terminés à l’automne 2019. « Durant le mandat, nous aurons investi 32 millions sur la préservation de l’environnement et la lutte contre les inondations, assume Xavier Dullin. C’est deux fois le prix de notre nouvelle piscine. À titre de comparaison, la gare, c’est 42 millions. Ces investissements sont indispensables pour organiser le développement de l’agglomération et améliorer les milieux. »

Un projet urbain

Des immeubles de bureau, un centre commercial, des routes, et beaucoup de terrains vagues. L’entrée nord de Chambéry, coincée en Hyère et Leysse, est encore assez largement une friche urbaine. Plus pour longtemps. L’émergence du futur quartier “Vétrotex”, un peu à l’ouest, est en train de précipiter la reconfiguration de cette partie de la ville.

Ici, affirme Xavier Dullin, le président de Chambéry Métropole, « vont être construits quelque 800 logements, accueillant près de 2 500 habitants. Nous allons lancer un nouveau pont sur la Leysse permettant de complètement réorganiser la circulation dans cette entrée de ville. Dès 2019, nous réaliserons un parc paysager de 50 mètres de large le long de la Leysse. Le chantier du premier immeuble commencera également l’an prochain ».

Un morceau de ville va naître. Les travaux de construction du bassin de stockage des eaux de pluie anticipent cette densification urbaine et s’insèrent dans le projet global. L’ouvrage se situe en effet à peu près sous l’emprise du futur pont.


Par Philippe Claret

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