Cher nucléaire

par | 24 mars 2016

Récemment, ma femme faisait réfléchir ses élèves d’IUT aux solutions pour rendre une ville plus attractive et attirer ainsi de nouveaux habitants. Parmi les différents choix de communes proposées, aucun groupe n’eut le courage de s’attaquer à Fessenheim, jugeant – avec raison sans doute – que le challenge était trop lourd à relever. Effectivement, le nom de la centrale éponyme, devenu depuis quelques année synonyme de danger, suffit à donner envie de rester à l’écart.

En revanche le choix de Bourg-en-Bresse s’imposait facilement pour beaucoup. La ville dispose en effet de nombreux atouts, faciles à valoriser, pour essayer de faire venir une nouvelle population et poursuivre ainsi son développement : une qualité de vie et de services, une bonne desserte du territoire, une situation géographique privilégiée, un dynamisme économique et un taux d’emploi préservé.

Pourtant la situation serait sans doute très différente si le nom de la centrale du Bugey était directement associé à la ville préfecture, distante de seulement 50 kilomètres. Car en réalité, le risque nucléaire est dans doute assez semblable entre la ville alsacienne et notre territoire. La centrale du Bugey se classe en effet parmi les équipements les plus anciens du parc d’EDF, et les incidents tendent à se multiplier en son sein. Depuis quelques années, de nombreuses voix s’élèvent d’ailleurs pour souligner les dangers de cette installation, à l’instar de la Suisse et de son récent dépôt de plainte contre X pour « mise en danger délibérée de la vie d’autrui et pollution des eaux », relative à la centrale du Bugey. Ou de la branche départementale du parti politique EELV qui rappelait au même moment que « la fermeture de ces centrales (ndlr : Fessenheim, Cattenom, Bugey) n’est plus une option, c’est une nécessité pour la sécurité civile européenne ». Et n’oublions pas le bruit des Rafales, ces jours derniers, lancés à la poursuite d’un aéronef ayant survolé sans autorisation la centrale de Creys-Malville, qui nous rappelle que d’autres risques existent également.

Alors, que se passerait-il si (pour ne pas dire le jour où) un accident majeur devait survenir sur le site de Saint-Vulbas ? Quelle serait l’étendue de la zone contaminée ? Pour les habitants de l’Ain, et donc de Bourg, l’issue serait sans doute tragique.

Bien sûr, le récent anniversaire de la catastrophe de Fukushima a largement ravivé notre peur de l’atome. Mais au-delà, c’est surtout le comportement des acteurs du nucléaire français qui fait frémir. Car il est évident que cette source d’énergie demande aujourd’hui des investissements conséquents, qu’il s’agisse de la maîtriser, de la renouveler ou de la remplacer. Or la dernière démission du directeur financier d’EDF nous a éclairés sur l’incapacité économique de ce prestataire à tenir ses engagements. Quant au gouvernement, il a préféré oublié ses promesses électorales au profit de son équilibre budgétaire.

Nous voici donc coincés avec un équipement nucléaire que nous ne pouvons pas plus entretenir que démanteler. Et notre rêve d’une énergie propre et sûre semble donc aujourd’hui enseveli sous les difficultés financières du pays.

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