L’activité s’est globalement contractée l’an dernier dans le département 74, et 2024 s’annonce contrastée, selon le bilan annuel de conjoncture présenté, jeudi 8 février, à la CCI de la Haute-Savoie.
Il y a un an à pareille époque, les acteurs économiques de Haute-Savoie émettaient des réserves pour 2023. Même si la conjoncture du département peut légitimement faire des envieux dans le reste de la France, leurs craintes étaient fondées : l’économie a marqué le pas en 2023 dans le département, « avec un ralentissement de l’activité, sans récession certes, mais avec une contraction », a reconnu Philippe Carrier, président de la chambre de commerce et d’industrie de la Haute-Savoie (CCI 74), lors du traditionnel bilan annuel de conjoncture organisé, ce 8 février, à Annecy.
En cause, la conjugaison de plusieurs phénomènes, comme le ralentissement en Allemagne et en Chine, l’inflation et les coûts de l’énergie, ou, plus localement, les problèmes de recrutement, de logement, les émeutes urbaines de juillet ou les effets du changement climatique. Comme toujours, la situation varie bien évidemment selon les secteurs.

Certains tirent leur épingle du jeu, comme le tourisme, avec un bon niveau de fréquentation estival et des vacances de Noël au beau fixe ; l’agriculture avec, entre autres, un prix du lait en hausse (mais une collecte en baisse, conséquence de la sécheresse), ou la viticulture, avec des volumes en progression de 4,7 % par rapport à 2022.
Le commerce, quant à lui, est « en repli, en particulier l’équipement de la personne et de la maison », reprend le président de la CCI. « Et les services ralentissent, avec, notamment, un décrochage des transports au deuxième trimestre et un retrait continu pour le secteur de l’immobilier. »
Qui dit immobilier sous-entend aussi BTP, secteur qui a tenu en 2023, « avec une progression de 3 % des logements commencés », note le président de BTP 74, Olivier Aubert. Quant à l’industrie, l’activité décélère sur la fin d’année, relève Christophe Coriou, délégué général du Medef pour l’industrie (39 % des entreprises notent une baisse de leur activité lors du 4e trimestre). Dernier trimestre plus contraint également pour le décolletage, mais avec une année 2023 qui, avec 2,3 milliards d’euros, dépasse en valeur 2022 et frôle les 2,4 milliards d’avant-covid.
1 285 : en 2023, 1 285 demandes d’aides “gaz et électricité” de l’État ont été déposées, pour un montant de 32 M€. « Des aides qui ne sont pas suffisamment demandées par les entreprises savoyardes », selon Marie-Hélène Hérou-Desbiolles, directrice départementale des Finances publiques.
Manque de visibilité sur 2024
Et 2024 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices pour l’instant, avec un manque de visibilité généralisé qui risque fort de pénaliser les investissements. Le BTP s’attend notamment à une année compliquée, à cause de la forte diminution du nombre de logements autorisés (-32 % entre décembre 2022 et décembre 2023).
Dans l’industrie, 53 % des entreprises anticipent une stabilité, 23,5 % une baisse et 23,5 % une hausse de leur chiffre d’affaires au premier trimestre 2024. Et dans l’artisanat, six artisans sur dix se disent inquiets pour la santé financière de leur entreprise.
Quant aux difficultés de recrutement, elles demeurent (sauf pour le BTP). Mais un vivier local reste à exploiter, selon Chrystèle Martinez, directrice de la DDETS 74 (Direction de l’emploi, du travail et des solidarités). Et même si le marché de l’emploi est moins dynamique [le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (sans aucune activité durant le mois précédent) a augmenté de 3 % en un an], le taux de chômage, 5,4 %, reste encore proche du plein-emploi.
Hélène Vermare
Crédit photo à la une : Leo_Visions sur Unsplash
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