Selon la Haute École Spécialisée du Nord-ouest de la Suisse, les consommateurs suisses paient des prix bien supérieurs par
rapport à ceux des pays voisins pour des produits identiques.
Les acheteurs suisses paieraient des prix artificiellement gonflés, si l’on en croit une nouvelle étude de la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse (FHNW). Les chercheurs ont relevé des différences de prix considérables entre la Suisse et l’étranger dans plusieurs secteurs comme la santé publique, la gastronomie, la recherche ou la formation. Commissionnés par l’association “Stop à l’îlot de cherté – pour des prix équitables”, ces travaux chiffrent en milliards de francs les pertes annuelles pour l’économie helvétique causées par ces prix artificiellement excessifs.
« Les producteurs et fournisseurs étrangers isolent leurs systèmes de distribution et imposent de fortes majorations de prix », estime la FHNW. Rien que dans les domaines analysés, les surcoûts cumulés atteignent les 3,33 milliards de francs chaque année. Chaque consommateur pourrait ainsi économiser au moins 280 francs par an. « Les producteurs et les fournisseurs étrangers se refusent à approvisionner directement les acheteurs en Suisse. À la place, ils les renvoient vers des filiales ou des sites Internet suisses qui perçoivent des prix excessifs et profitent de manière ciblée de leur pouvoir d’achat », déplore l’association.
Les hôpitaux en particulier doivent faire face à des surcoûts élevés en raison de l’absence de liberté d’approvisionnement. Les prix d’environ 1 500 biens de consommation médicaux différents ont été comparés, et en moyenne, les prix en Suisse sont plus d’un tiers plus élevés que dans les pays voisins. Selon l’étude de la FHNW, le potentiel d’économie s’élève dans ce secteur à 600 millions de francs par an.
DES VÊTEMENTS 20 % PLUS CHERS
L’hôtellerie et la restauration sont également fortement touchées. Chaque année, ce secteur paie environ 290 millions de francs en trop pour des appareils, des instruments de travail et des boissons non alcoolisées. Mais le plus grand potentiel d’économie se trouve dans l’habillement. Les vêtements sont en moyenne 20 % plus chers qu’en Allemagne, soit 1,9 milliard de francs par an qui échappent à l’économie. En ce qui concerne les produits de soin du corps et du visage, le potentiel d’économie annuel s’élève à 292 millions de francs, pour les parfums à 149 millions et pour les couches et les aliments pour bébés à 78 millions de francs.
Cette étude est publiée quelques jours avant l’examen, le 9 mars prochain, de “l’Initiative pour des prix équitables” par le Conseil national, équivalent de notre assemblée nationale. Elle demande aux responsables politiques la mise en place d’instruments efficaces pour combattre les majorations injustifiées. Face à ces prix, les consommateurs suisses sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à passer la frontière. Leurs dépenses en France s’élèvent à environ 400 millions de francs par année dans le Genevois français.
Par Romain Fournier
0 commentaires