J’ai déménagé la semaine dernière. La rue est très étroite et les trottoirs sont si petits qu’une poussette n’y passe pas. Quelques jours avant, le souci des déménageurs était que les places sous les fenêtres soient libres pour installer le monte-charge et le camion.
Faute de quoi, il aurait fallu passer par l’escalier, encore moins large que les trottoirs… Étant resté peu de temps dans cette rue, je n’y connais personne. J’ai averti les riverains grâce à un petit mot et posé des informations sur les pare-brise. À mon insu, les voisins se sont mobilisés pour que tout se passe bien. Les plus disponibles ont sorti leurs voitures du garage pour réserver les places “stratégiques” à mesure de leur disponibilité. Au bon moment, ces véhicules ont réintégré le garage, et les autres se sont provisoirement transportés ailleurs, libérant ainsi un espace confortable pour l’installation du matériel ! Du coup, le déménagement rondement mené et le coeur léger, j’ai observé avec attention les petits gestes sympas que des inconnus m’accordent au quotidien. Les grincheux et les malveillants sont hyper-minoritaires
La bonté entraîne la bonté
En ce vendredi de congé Genevois, veille du week-end de Pâques et de vacances scolaires, Annecy était un gigantesque embouteillage. Le genre de situation qui a tendance à faire monter la pression. J’ai pourtant constaté que la majorité des conducteurs ont été sympas et patients, même dans les bouchons. Comme les autres jours, mes interlocuteurs ont fait le maximum pour me satisfaire, les piétons se sont écartés avec le sourire lorsque j’ai emprunté un bout de trottoir à vélo. Quelqu’un m’a alerté au moment ou j’ai laissé par inadvertance tomber un effet personnel. Cette journée qui aurait pu être une grosse galère s’est transformée en un moment magique. J’ai pensé à ce moment au livre de Matthieu Ricard : Plaidoyer pour l’altruisme.
“GRÂCE À DES INCONNUS, UNE JOURNÉE POTENTIELLEMENT GALÈRE S’EST TRANSFORMÉE EN MOMENT MAGIQUE.”
Il nous rappelle, en étayant son propos, que l’être humain est naturellement bon, que la bonté entraîne la bonté et que tout cela crée un cercle vertueux qui nous permet de libérer le meilleur de l’humanité. Ce qui nous limite, c’est que nous n’avons pas conscience de cette réalité. Chaque fois que nous choisissons de retenir un acte malveillant au détriment de cent actes généreux, nous imprimons une information erronée dans notre inconscient. Alors, pourquoi nous complaisons-nous dans l’adversité ? Pourquoi nous attachons-nous le plus souvent à observer l’arbre des faits déplaisant qui cache la forêt des belles intentions ? Pointer les travers et les défauts des autres nous place automatiquement un cran au dessus. Car si nous sommes naturellement bons, nous restons flattés par toute comparaison avantageuse. Dévaloriser les autres est un stupéfiant addictif qui produit ses effets sans effort. Quand la bienveillance est toujours un engagement.
Créer un cercle vertueux
Privilégier la bienveillance au quotidien nécessite une attention de chaque instant, un entraînement rigoureux. On peut échouer, revenir en arrière. Mais très vite, les résultats sont spectaculaires. Dans l’entreprise, nous savons maintenant que brider l’initiative ou surveiller une majorité de salariés bien intentionnés à cause d’une poignée de tire-au- anc génère du mal-être et, in ne, ampute la productivité. À l’inverse, la confiance, le souci du bien-être de ses collègues produisent une énergie illimitée qui tire vers le haut les moins motivés et booste les résultats. Dans ce cercle vertueux, le management a une responsabilité déterminante, car une entreprise bienveillante sera modélisante. Il ne s’agit pas de renoncer à la rigueur, à l’autorité ou au respect des règles essentielles. Mais simplement de créer les conditions pour que chacun soit satisfait du bien-être de l’autre !
Par Jean-Marc Cottet
Conseil en entreprise
Organisateur du salon “On est bien”, à Annecy
http://jean-marc-cottet.fr/
Chronique réalisée dans le cadre de ResoHebdoEco
www.facebook.com/resohebdoeco
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