Engie, EDF et TotalEnergies ont, par la voix de leurs dirigeants, lancé un appel commun aux Français, dimanche 26 juin, les exhortant à réduire immédiatement leur consommation d’énergie, pour éviter des pénuries l’hiver prochain.
Les Russes ont pris acte de la volonté de l’Europe de se passer de leur gaz en représailles à leur décision d’attaquer l’Ukraine et ont commencé à fermer le robinet, alors que nous nous trouvons dans la période où nous reconstituons nos réserves. Le risque est donc grand de nous voir tomber en panne, d’autant que notre parc nucléaire n’est pas au mieux de sa forme, avec nombre de réacteurs en arrêt pour maintenance. Nous en sommes même rendu au point où la centrale à charbon de Saint-Avold, en Moselle, reprendrait du service l’hiver prochain, eu égard à la situation ukrainienne et aux tensions sur le marché de l’énergie.
Les énergéticiens ne sont pas les seuls oiseaux de mauvais augure à prédire que nous filons plein gaz, au-devant de gros ennuis. Certains observateurs annoncent « un moment Lehman Brothers »…
L’Hexagone n’est pourtant pas si mal loti. D’abord, ses importations de gaz russe ne représentaient, avant le conflit, que 17 % du total. Ensuite, à l’occasion d’une visite de la Première ministre, Élisabeth Borne, le 23 juin, au centre de commande national de Gaz de France, on apprenait que le pays dispose de quatre terminaux méthaniers. Et comme nous nous trouvons « au point de jonction avec la péninsule ibérique, qui, elle aussi, dispose de nombreux terminaux », nous figurons parmi les premiers servis, quand bien même ce gaz ne ferait que transiter chez nous, pour alimenter nos voisins. Voisins que nous parvenons pour l’instant à desservir tout en faisant le plein, avec des stocks déjà à 56 %.
De plus, pour augmenter encore nos capacités, la Première ministre a confirmé l’installation d’un terminal méthanier flottant au Havre. Annoncé en mars, capable de couvrir 10 % de la consommation française de gaz, il doit être opérationnel en 2023, grâce à une simplification des procédures que les députés seront invités à voter cet été, dans le cadre de la loi “pouvoir d’achat”. Un texte qui prévoit également de prolonger le bouclier tarifaire jusqu’à la fin de cette année ou encore, de remplir les réserves de gaz à 100 % au lieu de 85 %. Bref, le gouvernement a un plan.
Et pourtant, les énergéticiens ne sont pas les seuls oiseaux de mauvais augure à prédire que nous filons plein gaz, au-devant de gros ennuis. Certains observateurs annoncent « un moment Lehman Brothers », du nom de cette banque dont la faillite précipita la crise de 2008, dite des subprimes. La libéralisation du marché du gaz en Europe (comme de l’électricité, d’ailleurs) a fait naître un certain nombre d’opérateurs dont la seule fonction est d’acheter de l’énergie en gros pour la revendre au détail, aux particuliers ou aux entreprises. Ces fournisseurs alternatifs sont aujourd’hui mis en difficulté par la flambée des prix d’achat devenus supérieurs aux tarifs fixés dans les contrats de leurs clients.
Or, leurs dettes ont parfois été titrisées, comme le furent à l’époque les crédits immobiliers des ménages aux États- Unis. Aussi, certains se demandent s’il ne faudra pas, une fois encore, sauver les banques. Au moins, il ne serait plus question de resserrement monétaire.
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