L'édito de Myriam Denis : "Once upon a time"

par | 20 juillet 2017

Personnellement, j’aime à croire aux contes de fées. Et vous ? Parce que finalement, aujourd’hui, il vaut mieux. Pourquoi ? Soyons pragmatiques : prendre certaines promesses gouvernementales pour argent comptant serait, à mon sens, tout aussi fantaisiste que de croire à des fables. Un exemple ? La potentielle réforme de la taxe d’habitation.

Myriam Denis

Il était donc une fois, un président de la République jupitérien, comme on le définit désormais (là, on s’éloigne quelque peu du fairy tale pour s’aventurer dans la mytho…logie, je le concède). Ce jeune Président, nommé Emmanuel Macron, eut un jour l’irrésistible envie de réaliser un improbable mais néanmoins nécessaire tour de magie : réduire les dépenses publiques dans un pays qui a (trop) longtemps refusé de se réformer en profondeur. Et qui, aujourd’hui, aurait bien besoin d’un peu d’or dans ses caisses. Alors, sur son blanc destrier, il a parcouru villes et villages, rencontra le peuple et les chefs d’entreprise, ceux qui avaient réussi et d’autres pas, enfin, tout ce qui compose un pays, ou presque. Une idée germa dans son esprit torturé par le besoin de bien faire et de s’affirmer, en laissant une patte indélébile de son passage au sommet de l’État : s’attaquer à un impôt jugé « injuste » et frappant les braves gens dans leurs chaumières. Il s’agit, vous l’aurez compris, de la taxe d’habitation. De cet argument de campagne plébiscité par nombre de nos concitoyens, mis en avant comme le Graal, il tire une partie de sa félicité et de sa popularité. Pas question, donc, de reculer !

« LE CHEVALIER MACRON VEUT S’ATTAQUER À UN IMPÔT JUGÉ « INJUSTE » ET FRAPPANT LES BRAVES GENS DANS LEURS CHAUMIÈRES. IL S’AGIT, VOUS L’AUREZ COMPRIS, DE LA TAXE D’HABITATION. »

Courageux – ou ostensiblement tourné vers une soif intarissable de reconnaissance – le Président n’a cure des mises en garde de collectivités inquiètes, assoiffées, elles, par des baisses drastiques et continues des dotations de l’État. Il les rencontra, à l’aune d’une grande conférence des territoires. « La dépense publique doit être plus efficace » assène-t-on au gouvernement. Pour le chevalier Macron, un impôt payé par 20% des Français n’est pas un impôt juste. La CSG ou la CRDS apparaissent, selon lui, comme des pistes plus judicieuses. Alors, d’un coup de baguette magique, les communes devraient bénéficier de compensations à l’euro près. D’autres pistes se dessinent, peu à peu, et qui deviennent de plus en plus nettes même si pressenties depuis quelque temps déjà : des fusions de collectivités locales seraient encouragées… et financées. Comme celles de métropoles et de départements, par exemple. Au total, pour les communes, le manque à gagner devrait être de l’ordre de 36 %, soit 8,5 milliards d’euros au niveau national. S’attaquer aux dépenses publiques et aux prélèvements obligatoires de front est une problématique intéressante. Mais qui ne pourra pas se résoudre avec une simple formule magique. En tout cas, le génie Macron envisage d’ores et déjà d’ouvrir une grande réflexion autour de la refonte de la fiscalité locale. Mais plus tard. En attendant, la France succombera-t-elle à de nouveaux sortilèges ? Exaucer les vœux de tous et équilibrer (enfin) un peu nos comptes publics relèverait-il de la pure féerie ?

Myriam Denis

Rédactrice en chef adjointe
m.denis@eco-ain.fr

La conférence des territoires vue par Faro

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