L’édito de Myriam Denis : « La crise de maires »

par | 01 novembre 2018

Les édiles seraient-ils / elles au bord de la crise de maires ? Des maires qui démissionnent, d’autres qui annoncent d’ores et déjà qu’ils / elles ne se représenteront pas en 2020…

Myriam DenisLes élus locaux les plus proches de leurs concitoyens en auraient-ils assez ? Mais assez de quoi ? De se sentir pris en tenaille entre leurs projets et une baisse des dotations de l’État dont on n’a de cesse d’évoquer les lourdes conséquences pour les investissements des collectivités, peut-être. Ou alors, d’être tenus pour responsables dès qu’un chien se coince la queue dans le portillon d’un parc municipal, forcément mal entretenu ?

Ou encore, d’un manque de considération régulièrement cité, en référence notamment au #balancetonmaire. Celui-là, c’était un peu le hashtag de trop. Après en avoir vu une flopée fleurir un peu partout, dénonçant tout et n’importe quoi, jusqu’à passer dans le langage courant (#jenaipasmislesbonneschaussuresjaileQIdunehuitre), celui-ci était davantage synonyme de goutte d’eau faisant déborder le vase déjà bien empli de la colère des élus locaux. Oui, l’initiative de certains élus ayant voté une hausse (parfois conséquente) de la taxe d’habitation juste avant sa suppression par le gouvernement pouvait être mal perçue. Mais l’utilisation du hashtag, et tout ce qu’il implique, paraissait particulièrement maladroite… De quoi creuser un peu plus encore le delta séparant l’exécutif du monde politique local.

«LE BLUES DES MAIRES NE TOUCHE PAS QUE LES ÉDILES DES VILLES. LES ÉLUS DES CHAMPS NE SONT PAS ÉPARGNÉS, EUX QUI DOIVENT DEVENIR DOCTEURS EN DROIT POUR ÉPLUCHER DES TEXTES D’UNE COMPLEXITÉ EFFARANTE

D’ailleurs, dans quelle mesure les déçus de la politique nationale ne reporteraient pas ce sentiment négatif sur l’échelon local ? Une enquête sur la confiance politique, émanant du Centre de recherches de Sciences po en janvier dernier, démontre que la confiance dans les maires a chuté de 65 à 55 % en un an. Vous me direz, c’est plus que la cote d’Emmanuel Macron (31%) et Édouard Philippe (27%). Mais enfin…

Le blues des maires ne touche pas que les édiles des villes. Les élus des champs ne sont pas épargnés, eux qui doivent désormais devenir docteurs en droit pour éplucher des textes d’une complexité effarante et propre à dissuader nombre de bonnes volontés. Sans oublier les regroupements en intercommunalités qui, s’ils sont souvent jugés pertinents et nécessaires, peuvent également être perçus comme un grignotage, un phagocytage difficilement supportable. Cela m’apparaît d’autant plus dommageable, que le maire est le symbole de la politique de proximité, il / elle entretient souvent une relation de contact avec les administrés. Qui, aux dernières élections de 2014, ne se sont pas bousculés pour voter, puisque l’abstention avait atteint le chiffre record de 36,4 %.

Ce climat s’est ressenti lors du salon des maires du 19 octobre dernier. Les édiles échangeaient bien plus volontiers sur leurs difficultés et leur mécontentement, que sur leurs projets. Il y a deux ans de cela, la table ronde organisée par l’Eco de l’Ain – votre hebdo favori, ne me dites pas le contraire – dans le cadre du salon des élus locaux portait sur les chefs d’entreprise qui avaient choisi d’embrasser une carrière politique locale. On déplorait alors (qu’il n’y ait pas plus de femmes, ça, c’est ma remarque) qu’ils et elles ne soient pas plus nombreux à se présenter. On évoquait les projets, la conciliation entre la vie de chef d’entreprise et d’élu, etc. Cette année, on a parlé du financement des collectivités à l’ère des baisses de dotations…

Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

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