Si je vous parle d’un monde où, d’un coup de baguette magique, vous disparaissez d’un lieu donné pour apparaître quasiment instantanément ailleurs ; si je vous parle d’un monde où vous pouvez faire oublier vos faits et gestes aussi simplement qu’en prononçant une formule magique ; enfin, si je vous parle d’un monde où il est opportun de dissimuler ses pensées aux puissants, à quoi pensez-vous ?
Vous avez deux choix. Soit vous imaginez que je fais référence au vingtième anniversaire de la saga planétaire Harry Potter et son univers fantasmagorique. Ou alors, vous pouvez également songer que je fais allusion aux agissements de nos politiques. À vous de voir. Le parallèle vous étonne ? Et pourtant, prenez Manuel Valls. D’un coup de baguette magique, il n’est plus estampillé à gauche, mais s’apparente désormais au mouvement la République En Marche. François Bayrou, quant à lui, a réussi un délicat tour de magie en s’éclipsant du gouvernement quelques semaines seulement après son arrivée. Dorénavant, il lui reste à maîtriser un autre tour, qui consistera à faire oublier très très vite toutes les affaires dans lesquelles le Modem semble empêtré.
Du côté des députés, Jean-Luc Mélenchon et Cédric Villani en sont encore à s’affronter à coups de formules. Dans la saga Harry Potter, les sorciers se livraient à des duels de visu, nos politiques leur préfèrent les duels par médias interposés. Mais ça marche aussi. Ainsi, le député de la France insoumise est passé maître dans l’art de la généralisation à outrance, avec un sens de l’observation à faire pâlir d’envie la chouette du héros de JK Rowling. Car Jean-Luc Mélenchon s’est attaqué au « matheux » en voulant lui expliquer la teneur d’un contrat de travail. L’intéressé a répliqué via Twiter, en substance, qu’il serait ravi d’enrichir sa culture. Le député de l’Essonne, directeur de l’Institut Henri-Poincaré de l’Université Pierre et Marie Curie, professeur à l’université Claude Bernard Lyon 1 et détenteur de la médaille Fields (le « Nobel » des maths) ne s’est pas laissé impressionner par son adversaire. Le sens de la formule, il partage. Mais l’homme, quoique vraisemblablement brillant, fera-t-il sortir de son chapeau ou de ses costumes baroques à lavallière des théories politiques ?
« DANS LA SAGA HARRY POTTER, LES SORCIERS SE LIVRAIENT À DES DUELS DE VISU, NOS POLITIQUES LEUR PRÉFÈRENT LES DUELS PAR MÉDIAS INTERPOSÉS.«
C’est en tout cas le grand pari de notre nouveau gouvernement, qui se penche très sérieusement sur l’épineuse question de la réforme du droit du travail. Ou plutôt, sur son « projet de loi d’habilitation ». Une nouvelle formule magique, cela va sans dire, pour qualifier le futur texte cadre de cette réforme. Une réforme qui, tout auréolée de gloire comme l’espèrent ceux qui en sont à l’origine, pourrait donc résoudre la problématique d’un Code du travail désuet et mal approprié, via, pour l’heure, neuf grands axes de travail privilégiés. Nous verrons rapidement si ces nouvelles formules magiques plongeront le pays dans le chaos ou feront la preuve de leur efficacité.
Myriam Denis
Rédactrice en chef adjointe
m.denis@eco-ain.fr
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