L'édito de Myriam Denis : "Rats de laboratoire"

par | 05 octobre 2017

Un soir de semaine, en sortant du bureau, je suis allée in extremis avant la fermeture faire quelques courses – frigo qui commençait à être dangereusement vide oblige.

Myriam Denis

Un soir de semaine, en sortant du bureau, je suis allée in extremis avant la fermeture faire quelques courses – frigo qui commençait à être dangereusement vide oblige. Parvenue chargée comme un mulet à la caisse, j’avise une queue d’âmes plus ou moins patientes, longue comme un jour sans pain. Je m’installe, j’attends et je soupire intérieurement : vivement la livraison par drone… Je fantasme sur ce petit robot volant qui transporterait tout ce fouillis jusque dans ma cuisine m’épargnant, au passage, mille et une manipulations de produits divers et variés, lourds de surcroît. Bref. Derrière moi arrive une dame vêtue genre bobo, grand sourire, chariot rempli à ras bord (ça devait faire longtemps qu’elle n’avait pas fait ses courses) et exclusivement garni de produits bios. Mais vraiment rempli, et uniquement avec ce type de denrées, déclinées en œufs, lait, pâtes, biscuits, légumes… Engageant la conversation, la dame m’explique « qu’avec tout ce que l’on voit, il vaut mieux essayer d’être prudent ». Soit, pourquoi pas. Cependant, une récente étude du mois de septembre, conduite par UFC Que choisir, démontre que 98 % des fruits et légumes bios sont plus onéreux que les produits conventionnels en grande distribution.

On peut comprendre que la culture bio engendre davantage de moyens : il faut généralement plus de main-d’œuvre, les rendements ne sont pas faramineux, le cahier des charges et les normes entourant le bio sont également stricts et nécessitent bien souvent des investissements importants. De là à justifier un prix qui peut aller du simple au double… Loin de moi l’idée que la grande distribution se gave sur une tendance qui prend chaque année un peu plus d’ampleur. Après tout, il faut bien faire son beurre… La dame me répond que c’est le prix à payer pour préserver notre santé et celle de nos enfants. Étude de l’Inserm à l’appui.

« Depuis que l’on entend parler des perturbateurs endocriniens et leurs potentiels effets sur la santé humaine, il était peut-être temps qu’un collectif de chercheurs se penche (sérieusement) sur la question. »

Et oui, parce que voyez-vous, depuis le temps (des années, en fait) que l’on entend parler des perturbateurs endocriniens et leurs potentiels (potentiels !!) effets sur la santé humaine, il était peut-être temps qu’un collectif de chercheurs de l’Inserm se penche (sérieusement) sur la question. Résultats publiés dans Le Monde (et ailleurs) : « Les phtalates interfèrent sur le comportement des garçons » (les filles, ça viendra dans un second temps, il ne faut pas exagérer). Voilà une info qui va nourrir les colonnes et les ondes des confrères nationaux pendant quelque temps. En résumé, une étude épidémiologique sur 529 petits garçons entre 3 et 5 ans et leurs mères révèle « que l’exposition pendant la grossesse à certains phénols et phtalates est associée à des troubles du comportement » desdits garçonnets. Parmi les produits en cause, on en trouve principalement trois : le (fameux et médiatisé) bisphénol A, interdit de tous les contenants alimentaires depuis 2015, le Triclosan, agent antibactérien présent dans certains dentifrices et autres savons, et le DBP, plastifiant que l’on retrouve dans des PVC, mais aussi des vernis à ongles et laques pour les cheveux. Ces substances chimiques ont été retrouvées à de très faibles doses, inférieures aux seuils réglementaires, certes. Mais preuve est faite que leur innocuité sur la santé n’est qu’illusion. J’ignore si tout acheter bio est une, ou la solution. En revanche, la présence de ces produits est transparente pour le consommateur qui n’est pas forcément un scientifique spécialiste de l’étiquetage. On peut également être bien inspiré de se demander si ces produits sont, à terme, interdits, par quoi seront-ils remplacés ? Verra-t-on fleurir d’autres générations de denrées qui peuvent présenter un risque pour l’être humain ? Peut-être que cette fois, on pourrait les tester… avant.

Myriam Denis

Rédactrice en chef adjointe
m.denis@eco-ain.fr

 L'industrie du futur vue par Faro

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez également :

Imperium Ouvertures inaugure son siège social

Imperium Ouvertures, spécialiste des menuiseries extérieures, vérandas et protections solaires, inaugurait, lundi 14 avril, son siège social flambant neuf à Aix-les-Bains. Avec cette vitrine, la société passe de l’ombre à la lumière… Une double inauguration...

LIRE LA SUITE

Les entreprises confrontées aux surtaxes Trump

Après l'augmentation drastique des droits de douane annoncée par le président américain Donald Trump pour protéger la production intérieure de la concurrence étrangère, les entrepreneurs de Savoie Mont-Blanc sont dans l'expectative… L’administration Trump envisage...

LIRE LA SUITE

Savoie : La Rochette Cartonboard veut changer d’échelle

La Rochette Cartonboard SAS, qui avait été rachetée en 2021 par le fonds d’investissement allemand Mutares, annonce un plan stratégique visant à conquérir de nouveaux marchés. L’ambition est notamment d’atteindre « rapidement » un chiffre d’affaires de plus de 115...

LIRE LA SUITE

L’industrie mondiale du ski résiste

Avec 366 millions de journées-skieurs, le Rapport mondial du tourisme de neige et de montagne, 17e édition, révèle une fréquentation en hausse dans les stations de ski. « C’est loin d’être la débâcle, comme annoncée par les médias grand public », assène,...

LIRE LA SUITE

Publicité

PUBLIEZ VOTRE ANNONCE LÉGALE EN LIGNE

Devis immédiat 24h/24
Attestation parution par mail
Paiement CB sécurisé

ANNONCES LÉGALES WEB

Consultez les annonces légales publiées sur notre site habilitées par la Préfecture >>

VENTES AUX ENCHÈRES

Consultez nos ventes aux enchères immobilières >>

publicité

abonnement

TESTEZ-NOUS !

10.90€ / mois
Paiement CB sécurisé
Déblocage immédiat
Tous les contenus premium
Résiliable gratuitement à tout moment

publicité

ARTICLES LES + LUS