Élections municipales : la fin des partis ?

par | 06 mars 2020

Malgré les atermoiements sur le nuançage des listes, la grande majorité des candidats en Savoie Mont Blanc se présente sans étiquette.

Vendredi 27 février, 18 heures. Toutes les listes ont été déposées dans les préfectures de Savoie et de Haute-Savoie. Avec leurs couleurs politiques ? Sur le terrain, têtes de listes ou simples conseillers municipaux sont assez unanimes pour considérer que les enjeux se concentrent sur le périmètre purement communal et intercommunal, loin des strates partisanes. Lors de sa déclaration en préfecture, une liste peut pourtant y faire figurer une étiquette politique, pour la tête de liste et pour la liste dans son ensemble, lesquelles peuvent être distinctes.

Mais dans la réalité, « nous savons que nous sommes d’obédiences politiques différentes, mais nous ne revendiquons aucune appartenance. Assumer une étiquette politique impliquerait l’adhésion de tous les candidats à cette mouvance. Ce n’est pas le cas puisque nous respectons la pluralité des avis. Ce serait aussi compliquer la constitution d’une liste de quinze candidats à l’échelle de notre commune. Notre parti, c’est notre commune », résume Vincent Thomazo, candidat et tête de liste aux élections municipales sur la commune d’Epierre, 759 habitants (source préfecture de la Savoie).

L’OEIL DES SCRUTATEURS

La dimension de la commune pèse sur l’échiquier des étiquettes et des nuances politiques. Difficile d’identifier clairement le seuil démographique au-delà duquel le scrutin est valablement politique (1 000 habitants en 2008, 3 500 habitants en 2014), mais les grandes villes des Pays de Savoie sont évidemment passées à la loupe des scrutateurs. Parmi eux figurent les préfets de Savoie et de Haute-Savoie. Ce sont eux qui sont chargés d’attribuer “de manière discrétionnaire” une nuance politique aux candidats, nuance potentiellement distincte de l’étiquette déclarée par l’intéressé(e).

La grille de “nuançage” définie par le ministère de l’Intérieur tient en effet compte de l’appartenance politique du candidat, de son parcours, de ses déclarations. Dans cette palette des partis politiques, le gouvernement a même tenté d’ajouter une nuance, par la voix de son ministre de l’Intérieur. En 2014, l’association des maires ruraux avait rougi de colère en constatant des élus déclarés “sans étiquette” nuancés arbitrairement par les préfectures. Christophe Castaner a signé le 10 décembre dernier une circulaire créant une nouvelle catégorie “divers centre” dans une grille qui en contient déjà vingt-quatre, parfois inédites comme celles des “animalistes” ou des “gilets jaunes”.

Mais surtout, la circulaire a voulu gommer le nuançage des communes de moins de 9 000 habitants (à l’exception des communes chefs-lieux d’arrondissements), soit environ 48 % de la population en France. Retoquée en Conseil d’État fin janvier, la circulaire est revenue le 3 février au seuil de 3 500 habitants. C’est 9,5 % des communes de Savoie et 17,5 % de celles de Haute-Savoie (source : Association des maires de France). En conséquence, les maires sortants ne sont plus aussi vifs à brandir une étiquette, ce d’autant que les communes de moins de 1 000 habitants ne sont pas concernées par les scrutins par liste et autorisent donc le panachage. Elles sont au nombre de 186 en Savoie (68,1 %) et 109 en Haute-Savoie (39 %) – (Source AMF).

VIVE MON MAIRE

L’étiquetage politique aux municipales n’a manifestement plus la cote, et la tendance s’amplifie selon Brice Teinturier. « Ce qui est nouveau, c’est la décote convergente de l’ensemble des partis », reconnaît le directeur général délégué de l’institut de sondage Ipsos. Les Français, et parmi eux les Savoyards, sont peu nombreux (10 %) à conserver leur confiance aux partis politiques. Dans l’enquête annuelle Fractures françaises de septembre 2019, réalisée pour Le Monde par Ipsos- Sopra Steria, en partenariat avec la Fondation Jean- Jaurès et l’Institut Montaigne, l’image des maires est la seule à s’améliorer dans le paysage politique français (70 % d’opinions favorables).


Raphaël Sandraz


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