Deux scientifiques de l’Observatoire zététique ont récemment donné une conférence à Annecy pour nous aider à développer notre sens critique face à la désinformation.
La simplification est l’ennemi de l’information. C’est l’un des enseignements majeurs tirés de la conférence sur le « développement de l’esprit critique face à la désinformation » qu’ont récemment tenue, à Annecy, deux experts de l’Observatoire zététique, Aurèle Durand et Virginie Bagneux. En conséquence, ce court article pour évoquer un sujet si complexe empruntera des raccourcis forcément néfastes à sa compréhension. Qu’on veuille bien nous le pardonner !
À l’heure des fake news, des théories du complot, des rumeurs et autres canulars, les deux chercheurs ont donné quelques clés pour ne pas tomber dans le panneau. Aurèle Durand, ingénieur et chercheur en physique et informatique, dressait tout d’abord un état des lieux : 90 % des Français ont accès à Internet, 73 % des 16-25 ans utilisent les réseaux sociaux comme source d’information principale. Cependant, alors que seuls 30 % des Français déclarent faire confiance à ces médias, 59 % partagent l’information même s’ils ont des doutes à son sujet…
Mais comment se fait-il qu’on tombe dans les pièges ? Virginie Bagneux, maître de conférences en psychologie à l’université de Caen, a décortiqué le fonctionnement de nos cerveaux : si notre attention est moindre au moment où la fausse information nous parvient, nous pouvons très bien ne pas la déceler. Une cohorte d’autres processus cognitifs entrent en marche : comparaisons, analogies, ça me plaît ou pas, ça relève de ma culture ou pas, le groupe social auquel j’appartiens accepterait-il cette information ou non, etc. Parmi tous ces paramètres inconscients, il en est un que nous utilisons tous : le biais de confirmation d’hypothèse, qui propose des exemples qui vont dans le sens de ce que nous pensons.
« Pour le débusquer, conseille la scientifique, il faut chercher l’inverse de ce qu’on croit ou pense et juger ensuite de la qualité des informations. » Les deux invités du Lions club Annecy Impérial ont conclu leur conférence en donnant quatre conseils de bon sens : « Une affirmation extraordinaire demande des preuves extraordinaires ; ce qui est sans preuve peut être rejeté sans preuve ; il faut mettre en évidence un phénomène avant d’en rechercher les causes ; et toujours croiser les sources pour arriver au consensus et à la reproductibilité. »
Sylvie Bollard
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