Entreprises, des cibles faciles pour les escrocs ?

par | 04 mai 2018

La banque populaire régionale organisait le 27 avril, une session de sensibilisation à la fraude par virement.

Sujet sérieux s’il en est, la fraude au faux virement concerne toutes les entreprises et aucune n’est plus ou moins exposée. Le préjudice subi par les entreprises victimes de fraude depuis 2010 est estimé à 500 millions d’euros cumulés, selon la police. Les braquages à main armée sont désormais dépassés. Pour obtenir plus de résultats et surtout plus d’argent, de nouvelles techniques sont utilisées : fraude au président, fraude à l’ingénierie sociale agrémenté de hacking informatique. Avec l’évolution de la réglementation, les escrocs s’adaptent et excellent toujours plus dans leur entreprise d’arnaque. « Nous sommes face à des personnes à l’imagination débordante, et dans le même temps, nous devons continuer à faire notre métier dans les règles », assure Thierry Antoine, délégué régional Grand Est Turbo SA, éditeur de logiciels et filiale de la Banque Populaire.

L’ère de la manipulation

Une tentative de fraude sur cinq aboutit, soit 20 % de taux de réussite pour une entreprise professionnelle spécialisée dans l’arnaque. Manipuler un salarié au sein d’une structure n’a rien d’un acte anodin. Thierry Antoine explique : « Pour que cela fonctionne bien, il faudra se faire passer pour le chef d’entreprise, ou qui a une autorité quelconque sur mon pigeon. Et pour entrer dans la peau du personnage, je devrai apprendre mon rôle par cœur ». Dans les faits, le fraudeur devra connaître un certain nombre d’éléments sur l’identité de l’entreprise et de la personne qu’elle s’apprête à usurper, jusqu’à savoir imiter sa voix. Parmi les signes qui doivent alerter lors d’une fraude au Président, un virement à destination de l’étranger : le caractère urgent et confidentiel. « Bien souvent, beaucoup d’éléments seront indiqués à la cible pour la mettre en confiance, alors que cette dernière n’avait rien prévu du tout au départ », détaille le délégué régional. Dans un premier temps, les éléments de langage doivent faire réagir pour ne pas devenir « l’artisan d’une escroquerie. Les personnes manipulées n’étant pas des complices mais des victimes ».

Gare aux faux fournisseurs

Le cas du faux fournisseur figure aussi parmi les risques d’arnaque. Prenons l’exemple d’une entreprise qui règle ses fournisseurs par virement bancaire. A priori, cette procédure n’a rien d’exceptionnel. Un fournisseur contacte l’entreprise pour prévenir qu’il change de banque. Là encore, cela peut arriver. « Simplement, le fournisseur ne signale pas un Iban français mais polonais. Si on n’y prend pas garde, le nouvel Iban se retrouve inscrit dans la compta fournisseur. Et la personne qui enclenchera l’action du virement ne sera pas forcément la même qui aura remplacé l’Iban. À ce stade, ni l’une ni l’autre n’a le sentiment d’avoir été fraudée, raconte Thierry Antoine. Quinze jours plus tard, lorsque vient le moment d’effectuer le virement au vrai fournisseur, on ne l’enverra pas sur le bon compte bancaire mais en Pologne. » Des pays proches de la France mais pas frontaliers pour accueillir les fonds, le temps de quelques heures, avant d’être renvoyés vers une destination plus lointaine, en Asie généralement. Entre-temps, le vrai fournisseur contacte l’entreprise pour s’enquérir du versement qu’il n’a pas perçu. « Les modifications d’Iban de fournisseur sont encore plus redoutables que la manipulation pour effectuer un virement, car la réaction peut être beaucoup plus longue. Dans ce type de scénario, le temps joue pour l’escroc et contre les victimes. »


Se prémunir

E-mail, fax, SMS, tous ces moyens de communication ne garantissent pas une réelle authenticité des échanges. « Nous ne sommes jamais sûrs de correspondre avec le bon interlocuteur ». Pour se prémunir des actes de malversation, les chefs d’entreprise doivent sensibiliser tous leurs collaborateurs et s’équiper d’outils informatiques performants.


Par Sarah N’tsia

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