Genève : un péage urbain en question

par | 04 septembre 2017

La Direction générale des transports du canton de Genève lance un sondage via le web, sur l’acceptabilité d’une telle infrastructure. 1500 personnes seront interrogées en Suisse et en France.

Quelque 1500 résidents du Grand Genève- y compris le district de Nyon (canton de Vaud), et les zones frontalières de la Haute-Savoie et de l’Ain- sont, depuis ce 4 septembre, interrogés via le web sur la faisabilité d’un péage urbain à Genève. Ce sondage s’inscrit dans le cadre d’une étude préliminaire votée par la Grand Conseil en 2015.  Il vise à évaluer l’acceptabilité d’une telle infrastructure, en fonction de son prix, du périmètre choisi (moyenne ceinture routière ou autoroute), de l’utilisation des recettes (financement de la mobilité ou autres politiques publiques) et des rabais accordés. Il permettrait, selon les arguments du Grand Conseil, de parvenir à un usage plus homogène des  infrastructures de transports, en diminuant notamment la pression sur les périodes de pointe du matin et du soir. Pour rappel, les citoyens genevois ont accepté, à près de 68% en juin 2016,  la Loi pour une mobilité cohérente et équilibrée.

Plusieurs scénarios

L’enquête est menée sur le web, lequel permet d’intégrer plus facilement les aspects visuels et un suivi en temps réel du déroulement du questionnaire. L’échantillon de 1500  résidents sera composé de personnes ayant 18 ans révolus et effectuant une fois par semaine au moins un trajet à destination de Genève. Dans la partie française, doivent figurer un minimum de 15% d’utilisateurs de transports collectifs pour ce trajet fréquent. Un groupe de travail pluridisciplinaire proposera différents scénarios. Trois alternatives sont soumises au vote, y compris la situation sans péage.

Les données récoltées à travers ce sondage permettront de mettre en lumière les alternatives de péages préférées et les différences d’acceptabilité. Objectif aussi, évaluer l’influence des différents attributs (périmètre géographique retenu, prix du péage par passage, supplément par km, type de voiture, montant du rabais possible, utilisation des recettes…), ainsi que la disponibilité à payer des individus selon les critères retenus. Enfin, comparer les préférences entre les différents groupes d’individus (lieu de domicile, propriétaires de voitures, niveau d’éducation…).

L’enquête a , en outre, pour but d’alimenter une simulation informatique afin de déterminer les impacts d’un péage sur le trafic (report modal, report de trafic, effets sur la décongestion. Les conséquences  sur l’économie, l’environnement et l’aménagement du territoire complèteront l’étude. Un rapport, qui présentera les différentes modalités d’application du péage urbain, assorti de recommandations, sera remis au Grand Conseil à l’automne 2018.

Vive réaction côté français

Côté français,  les élus du Genevois français regrettent, pour leur part, la méthode employée, c’est-à-dire l’absence de concertation pour la réalisation de l’enquête sur la mise en place d’un péage urbain. Au-delà, ils s’interrogent aussi sur la  portée et les objectifs d’une telle mesure qui aura un impact sur la mobilité.

« Nous craignons vivement que cette mesure ne serve qu’à désengorger le cœur de l’agglomération genevoise sans prendre en compte les besoins du territoire franco-valdo-genevois d’un million d’habitants » indiquent-ils.

Et de rappeler que, depuis plusieurs décennies, le élus français militent pour l’amélioration de l’offre de transport en commun transfrontalière, seul moyen de fluidifier le trafic, d’améliorer la qualité de l’air, et de réduire les impacts sur la santé, sur la sécurité ou encore la croissance économique. Même avec l’arrivée prochaine du Léman Express, «cette offre de transport en commun est loin de rivaliser avec des agglomérations de taille comparable comme Stockholm ou Milan », précisent-ils.

Les élus du Genevois français  attendent, dès lors, plus de précisions sur les mesures d’accompagnement liées à la mise en place d’un péage urbain, tout en rappelant qu’une telle infrastructure fonctionne d’abord là où l’offre de transport en commun est déjà performante et constitue une véritable alternative à la voiture.

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