Industrie : Maike Automotive disparaît, les trois sociétés sont reprises

par | 26 février 2018

L’activité de Frank & Pignard, Précialp et EMT est maintenue, mais une centaine d’emplois est menacée.

La décision tant attendue du tribunal de commerce de Grenoble est tombée mardi 20 février et a été accueillie avec soulagement dans la vallée de l’Arve. Le groupe Maike Automotive placé en redressement judiciaire depuis quelques mois est certes bel et bien mort, mais pas ses trois filiales haut-savoyardes dont l’activité est maintenue. Certes, une centaine d’emplois sur 720 est menacée, mais les entreprises restent entre les mains de sociétés locales, fleurons du décolletage. De quoi rassurer les autres industries haut-savoyardes qui avaient l’habitude de travailler avec et/ou pour ces sociétés présentes sur le marché automobile.

Pérenniser les activités

Pour Frank & Pignard et Précialp, une seule offre de reprise a été confiée à l’étude des administrateurs depuis janvier dernier (lire ci-dessous).
Avec trois offres sur la table, la situation d’EMT Technologies était plus incertaine. C’est finalement Léman Industrie qui a été choisie pour reprendre l’activité de découpage, emboutissage et assemblage de la filiale basée à Bonneville, et ce dès le 1er mars prochain. Elle conservera 72 des 127 postes du site. Des trois offres, c’était celle qui supprimait le plus d’emplois, mais dont les garanties de pérennité dans la vallée de l’Arve étaient les plus solides.

 

Face à l’entreprise dirigée par Philippe Bontaz, les deux autres offres se proposaient de conserver 84 emplois du côté de Mirabeau Industrie dans l’Ain et 113 pour le repreneur chinois. Des propositions qui semblaient plus intéressantes sur le papier, en termes strictement comptables, mais qui une fois étudiées dans le détail soulevaient de nombreuses questions. Les Chinois par exemple se sont présentés comme une entreprise, OMV. Or cette dernière n’a aucune existence réelle et serait en fait une collectivité locale qui cherche à reconstruire son outil industriel dans le but de réduire le chômage de sa région. Quant à Mirabeau Industrie, le nom de Claude Pimpie a été associé à cette entreprise familiale : il avait notamment repris en 2014 le site Stequal dans la vallée de l’Arve qui avait, sous un autre nom, été placé en redressement judiciaire.

Quelques jours avant l’audience, le président de la Chambre de commerce et d’Industrie de Haute-Savoie, Guy Métral, lui-même dirigeant d’une entreprise de décolletage à Cluses, avait alerté le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, inquiet que les activités d’EMT soient démantelées et éparpillées à tout vent. Une mobilisation qui a fait suite à de nombreuses réactions depuis plusieurs mois. Dès l’annonce des difficultés de l’ETI l’été dernier, l’ensemble de la filière de décolletage et les élus se sont mobilisés pour conserver les trois entités, dont certaines historiques, sur le territoire de la vallée.

 


Par Sandra Molloy


Un montage original pour Frank & Pignard et Precialp

Sans surprise, c’est le consortium composé de deux entreprises de la vallée, Alpen’Tech et Kartesis, et d’une de l’Ain, MGI Coutier, seul candidat, qui va permettre d’assurer l’activité des deux sites Frank & Pignard (44 millions d’euros de chiffre d’affaires au premier semestre 2017 pourun Ebitda avant crédits-bails négatif de 900 000 euros ; Thyez) et Precialp (12,6 millions de chiffre d’affaires au premier semestre 2017, Ebitda négatif de 400 000 euros ; Ayze). Les repreneurs prévoient de conserver plus de 90 % des postes dans les deux entités : 34 seraient supprimés chez Frank & Pignard, 6 chez Précialp.

 

Trois industriels, donc, réunis au sein d’une holding, Bionnassay M&P Technology, mais qui ont compté avec l’appui du Crédit Agricole des Savoie. La banque mutualiste intervient en tant que coactionnaire via CADS Capital, sa structure dédiée aux investissements locaux en fonds propres. L’offre avait reçu l’aval des représentants du personnel, probablement conscients qu’il s’agissait de la reprise de la dernière chance pour éviter une fermeture totale et le licenciement de plus de 400 personnes. Au Crédit Agricole, on insiste sur la dimension de l’ensemble ainsi formé : la réunion d’Alpen’Tech, Kartesis, Frank et Pignard et Precialp forme « un ensemble cohérent dans le domaine de la mécanique de précision », qui entre « dans le top 5 mondial ».


Par Phillipe Claret


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