Conseiller en gestion de patrimoine et investisseur passionné, le genevois Raphaël Hubin propose dans son livre « Devenir riche prudemment et patiemment avec Berkshire Hathaway » (éd. Anonymes) d’investir avec le milliardaire américain Warren Buffett. Interview.
Vous êtes un actionnaire de Berkshire Hathaway. Avez-vous rencontré Warren Buffett ?
Non, j’ai rencontré son successeur désigné, Greg Abel, mais pas Warren Buffett. Mais il a lu mon manuscrit. Je l’ai envoyé à son assistante de toujours dès que je l’ai terminé et j’ai eu une réponse quelques heures plus tard avec ses remerciements et encouragements.
Une action de Berkshire Hathaway se négociait mi-février autour de 600 000 dollars. Or, vous conseillez à tout un chacun d’acheter des actions de l’entreprise. Comment est-ce possible ?
Il existe deux types d’actions de Berkshire Hathaway. L’action A, historique, dont le prix atteint désormais les 600 000 dollars, et l’action B, créée en 1996, qui est plus accessible puisqu’on peut l’acquérir avec un capital initial d’environ 380 euros. En Suisse, si une personne dispose d’un capital entre 500 000 francs et un million, elle peut être cliente d’une banque privée. En Europe, le seuil d’entrée moyen est un peu plus bas, à 250 000 euros environ, mais il reste important. Les investisseurs de la classe moyenne qui n’auront pas accès à ces services, devront s’adresser à de grandes banques de détail. Ces dernières proposent généralement leurs propres produits de placement, par ailleurs très rémunérateurs pour la banque, mais en aucun cas les actions Berkshire Hathaway que l’on peut acheter soi-même sur des plateformes de trading avec une commission d’un dollar. Nous sommes très loin des frais de courtage et de droits de garde perçus par les banques suisses.
« Aux Etats-Unis, la majorité des investisseurs de Berkshire Hathaway font partie de la classe moyenne. »
Raphaël Hubin
Depuis 1965, date de la première cotation à New York de Berkshire Hathaway, le parcours boursier de l’entreprise affiche une performance annuelle moyenne de +19,8 %. Les actionnaires de la première heure se sont tous considérablement enrichis. Par exemple, ceux qui ont investi 19 dollars en 1965 disposent aujourd’hui d’un capital de 600 000 dollars. Par ailleurs, Berkshire Hathaway rachète chaque année une partie de ses actions, ce qui signifie que le nombre d’actionnaires diminue et que la part de ceux qui restent augmente.
Mais il n’y a pas de garantie que l’action Berkshire Hathaway continue à progresser…
Effectivement, certains financiers évoquent l’après-Warren Buffett, qui a 93 ans. Mais je ferai un parallèle avec Apple. A la suite du décès de Steve Jobs en octobre 2011, de nombreux financiers conseillaient de vendre. Or, l’action n’a jamais cessé de monter depuis sa disparition. On peut très légitimement penser que Berkshire Hathaway conservera son potentiel de croissance après Warren Buffett.
Vous évoquez aussi les erreurs que vous avez commises en tant qu’actionnaire de Berkshire Hathaway. Quelle est la principale ?
Avoir attendu ! J’avais décidé en 2006 d’acheter une action A qui coûtait 100 000 dollars. J’avais le financement de la banque et puis j’ai attendu. J’avais parlé avec des analystes qui m’avaient mis en garde sur l’âge avancé de Warren Buffett et son associé Charlie Munger. J’ai attendu jusqu’en 2014 pour acheter l’action qui valait alors 210 000 dollars.
Propos recueillis par Odile Habel
Cet article est issu du supplément L’Extension, disponible gratuitement au format liseuse en ligne ici >>

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