Jardins partagés : en ville, la tendance séduit

par | 23 mars 2020

À l’heure de notre (trop) grande dépendance aux supermarchés et à leur approvisionnement, les potagers collectifs ne seraient-ils pas une partie de la solution ?

La nature reprend ses droits en ville sous différentes formes parmi lesquelles les jardins partagés dont le succès est grandissant, à Genève comme à Annecy, où l’attribution s’est faite par tirage en raison de l’importance de la demande.

En Suisse, dès 1995, la ville de Lausanne avait aménagé de petits terrains au pied de certains immeubles, permettant aux habitants de se mettre au jardinage. A Genève, les jardins communautaires, généralement installés sur des parcelles inutilisées allant d’environ 5m2 à quelques centaines de m2, répondent à une envie grandissante des habitants de faire entrer la nature dans leur quotidien. Au cours des dernières années, une quarantaine de projets collectifs ont vu le jour en ville de Genève, allant de la culture en pleine terre, comme dans les parcs Beaulieu, André Chavanne, Geisendorf ou Franchises, à de simples bacs, par exemple au Seujet. Le jardin situé en bas de l’avenue de France, à Sécheron, illustre bien cette tendance verte.

D’environ 200 m2, sans barrière, à proximité immédiate d’une école primaire, d’une crèche, d’un café privilégiant le bio et le fait-maison et d’un EMS, ce jardin créé en 2015 est vite devenu un lieu d’échanges entre les habitants du quartier. A l’origine de ce projet, Letizia Caniglia, architecte italienne arrivée à Genève en 2013, explique sa démarche.

« Nous avons créé une centaine de parcelles et nous avons reçu plus de 300 demandes.»

Thierry Billet, conseiller municipal en charge du développement durable, Annecy

« Nous avons commencé avec cette parcelle urbaine à Sécheron, qui est aujourd’hui un vrai succès. Une année, nous avons récolté plus de 30 kilos de tomates bio. C’est en travaillant sur le projet de ce jardin et en voyant les nombreux projets qui existent à Genève que j’ai créé, en 2015, l’association Genève Cultive afin de promouvoir notre idée de plateforme d’échange pour les acteurs qui s’investissent dans l’agriculture et les jardins urbains. Notre objectif est de contribuer à davantage de nature et de biodiversité dans le milieu urbain. »

Promoteur de nouvelles initiatives et source de données dans le domaine de l’agriculture urbaine, Genève Cultive offre une multitude d’informations utiles, mais sa principale force réside dans sa carte interactive où il est possible d’inscrire un projet vert urbain, qu’il s’agisse de jardins en commun, de jardins sur les toits, de fermes urbaines, de ruches ou encore de poulaillers. Chaque projet est accompagné des coordonnées de l’association, de qui est à son origine et d’un bref descriptif : situation, nombre de m2…

JARDINS PARTAGÉS TIRÉS AU SORT

A Annecy, cette démarche green a débuté il y a une quinzaine d’années dans le cadre des produits phytosanitaires. « Les jardins partagés ont fait partie d’une réflexion globale, explique Thierry Billet, conseiller municipal en charge du développement durable. Nous avons créé une centaine de parcelles et nous avons reçu plus de 300 demandes. Nous avons donc fait le choix du tirage au sort plutôt que de mettre en place des critères de sélection. L’objectif de ces jardins urbains est, bien sûr, de pouvoir produire ses propres légumes et fruits, sans pesticides, mais ils permettent aussi de créer du lien entre les habitants. »

Si ce lopin de terre d’environ 25 à 30 m2 – « pour qu’il y en ait pour tout le monde » – est attitré individuellement, la démarche se veut partagée et collective. En effet, chaque site dispose d’une cabane commune et d’outils partagés, et chaque groupe de jardiniers décide en commun des actions à mener. Les jardins urbains viennent d’horizons socio-culturels et d’âges très différents, des trentenaires qui ont vu leurs parents jardiner et souhaitent le faire à leur tour avec leurs enfants jusqu’aux seniors ou aux personnes aux revenus modestes.

« Au début, pendant six mois, les personnes sont accompagnées par un professionnel qui les conseille. C’est très apprécié, surtout que certains jardiniers sont débutants. » Au total, cinq sites sont répartis dans le Grand Annecy et les autorités souhaitent développer ce mouvement vert et urbain, précise Thierry Billet. « Nous cherchons, par exemple, des parcelles abandonnées pour de jeunes agriculteurs et le projet d’installation d’une ferme urbaine sur un terrain de 4 hectares situé à Annecy-Sacconges est en cours. »


Par Odile Habel


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