Les effets du réchauffement climatique se font sentir en Haute-Savoie aussi. Exemples au glacier de Tré la Tête et sur la végétation de montagne.
Il a perdu 10 % de son volume total en dix ans, soit l’équivalent de 12 500 piscines olympiques ! A ce rythme-là, le glacier de Tré la Tête pourrait avoir quasiment disparu à l’horizon 2100, tout comme les autres glaciers alpins. C’est la constatation alarmante qu’a réalisée le chercheur Jean-Baptiste Bosson, qui effectue depuis cinq ans, pour Asters, un suivi de ce glacier situé dans la réserve nationale des Contamines-Montjoie. A l’occasion des « 3es Rencontres nationales des espaces protégés et recherche » qui se déroulent les 17 et 18 avril à Annecy, il a redit l’urgence de mobiliser les politiques et chacun d’entre nous pour « sauver une partie des glaciers sur terre« .
Le 4e plus grand glacier de France, qui couvre une superficie de 6,5 km2, a donc perdu plus de la moitié de son volume depuis les années 1900. Parallèlement, les températures ont crû de 2 degrés dans les Alpes, ce qui explique l’accélération de la fonte des glaces. Un réchauffement dont on sait qu’il est dû aux activités humaines. La vitesse de fonte n’est cependant pas égale tous les ans. Ainsi, 2015, « 4e pire canicule dans les Alpes« , a vu cette vitesse multipliée par quatre ! Aujourd’hui, Tré la Tête « n’est plus assez épais pour bouger et la partie en aval est devenue statique« . Le scientifique remarque pourtant que la fonte sur cette partie est moins rapide qu’en amont car elle est couverte de débris et d’ailleurs devenue très grise. En revanche, l’amont fond très vite, ce qui entraînera bientôt « une déconnexion de ces deux parties« .
Jean-Baptiste Bosson prévient : « La fonte des glaciers aura des conséquences fondamentales sur la biodiversité, mais aussi sur l’eau potable dans les années à venir« . D’où son cri d’alarme pour les protéger. Ils constituent selon lui « une espèce clé de voûte sans laquelle le système terrestre tel qu’on le connaît va s’effondrer« . Et ce qui vaut pour le glacier de Tré la Tête vaut pour tous les glaciers des Alpes. Les plus petits ayant une espérance de vie moins grande encore. « Dans le meilleur des scénarios, dit-il, ils auront perdu deux tiers de leur masse en 2100. Dans le pire des cas, il ne restera quasiment plus rien. »
Anne Delestrade, directrice et fondatrice de l’ONG Crea Mont-Blanc,
dont la mission est d’explorer l’impact du changement climatique sur la biodiversité, faisait pour sa part état de quelques résultats obtenus dans le cadre du programme Phénoclim.
Celui-ci, en cours de puis 15 ans dans les Alpes, permet de collecter des observations de terrain concernant treize espèces de plantes (dates de floraison, d’apparition des bourgeons, de chute des feuilles, etc.). « En 15 ans, disait-elle, nous avons observé des effets significatifs d’avancée de floraison. » Le bouleau verruqueux affiche par exemple quatre jours d’avance. A l’inverse, le réchauffement hivernal entraîne un retard du débourrement et de la floraison en basse altitude. « Le réchauffement a aussi un impact sur la distribution des espèces… Les bouleaux et les mélèzes risquent de dépérir en fond de vallée dans l’avenir. »
Et en 2100, la chercheuse prédit un mont Blanc tout vert.
Rien de nouveau sous le soleil, un extrait d’ un article de vulgarisation écrit par des chercheurs suisses; « Les restes de bois et de tourbe trouvés dans les marges de plusieurs glaciers des Alpes témoignent de leur moindre extension. En effet,la croissance de plantes et d’arbres dans des vallées montagneuses abritant maintenant des glaciers,n’est concevable qu’avec une couverture de glace plus réduite et une limite de la forêt plus élévée. Entre 2650 et 2000 avant aujourd’hui,les langues glaciaires s’arrêtaient à une altitude d’au moins trois cents mètres supérieure. A l’époque romaine,les glaciers n’ont pas impressionné la mémoire humaine aussi fortement que de nos jours.Ils s’étaient considérablement retirés dans des vallées reculées,àl’écart des itinéraires de franchissement des Alpes,sans constituer un réel obstacle. Selon les connaissances actuelles,les phases de retrait maximum des glaciers se sont produites entre 7300 et 6800 ans avant aujourd’hui. Les découvertes faites à ce propos permettent de supposer qu’à cette époque les glaciers alpins avaient complètement disparu ou étaient réduits à l’état de vestiges. Sur la base de ces découvertes provenant de bon nombre de glaciers des Alpes suisses,il convient de réviser notre image traditionnelle d’une chaîne alpine fortement et continuellement englacée depuis la fin de la dernière glaciation.Avec sa crue maximale des glaciers depuis les dix derniers millénaires,le petit âge glaciaire,du XVIIe au milieu du XIXe siècle,a formé cette image traditionnelle de nos Alpes.Cependant,les glaciers alpins étaient moins étendus que maintenant durant plus de cinquante pour cent de ces dix derniers millénaires! Les phases de faible extension glaciaire correspondent aux débuts des périodes d’activité solaire élevée;on a donc jusqu’à présent sous-estimé le rôle de ce facteur sur l’évolution des glaciers.Les phases de faible extension glaciaire décrites ici se rapportent à la période avant le petit âge glaciaire. En résumé,on constate que la couverture et les mouvements glaciaires sont soumis à des processus nettement plus dynamiques qu’on ne le supposait jusqu’à présent.Il convient cependant d’approfondir l’étude des formes d’évolution du climat responsables de ces crues et retraits périodiques.En effet,non seulement des épisodes climatiques plus chauds en moyenne annuelle,mais aussi plus froids et plus secs en hiver,peuvent éventuellement provoquer une décrue glaciaire. » Les températures dans les Alpes sont montées d’ environ deux degrés sur les cent cinquante dernières années, à la fin du Dryas récent, termination de la dernière glaciation les températures sont remontées de quatre à six degrés en deux décennies ! le réchauffement actuel est très très loin d atteindre ces valeurs !! La période du petit âge glaciaire était la plus froide des dix mille dernières année, les températures remontent vers des valeurs plus « normales » si on peut dire, s’ imaginer que sans intervention humaine les températures seraient restées indéfiniment stabilisées à leurs valeurs de 1950 est une vue de l’ esprit….