Le Cern a présenté mercredi 19 avril, à Meyrin (Suisse), l’étude de faisabilité du futur collisionneur circulaire (FCC) destiné à remplacer le LHC à l’horizon 2040. Un projet pharaonique estimé à plus de 24 milliards d’euros.
Avec le LHC et sa circonférence de 27 kilomètres, le Cern (1,2 milliard d’euros de budget annuel ; 2 658 employés) dispose du plus grand collisionneur de particules du monde. Mais, pour « rechercher une nouvelle physique », le Laboratoire européen pour la physique des particules voudrait bénéficier d’une puissance encore supérieure. D’où le projet d’un nouveau collisionneur d’une circonférence de 91 kilomètres qui viendrait prendre le relais du LHC en 2040.
Ce FCC (futur collisionneur circulaire) serait sept fois plus puissant que le LHC, repoussant ainsi les frontières de la recherche en physique des particules. Pour construire cet outil, qui sera enterré à 100 mètres de profondeur, l’emprise dans le sous-sol s’étendra sur des territoires de la Haute-Savoie, de l’Ain et du canton de Genève. Le projet prévoit huit sites de 4 à 5 hectares en surface : quatre seront des sites techniques (Présinge-Choulex, en Suisse, Étaux, Cercier, et Challex, en France) et quatre des sites scientifiques (Ferney-Voltaire, dans l’Ain, Nangy, Charvonnex- Groisy et Vulbens-Dingy en Haute- Savoie).
Les terrains concernés sont à l’étude afin de confirmer qu’ils pourront bien accueillir des bâtiments dans le futur. Antoine Mayoux, ingénieur en génie civil au Cern, explique : « Les services qui, demain, instruiront le dossier ont une démarche ouverte. En ce qui concerne les propriétaires des terrains, pour le moment, la seule autorisation qu’il ont à donner se résume à laisser étudier leur site. Il faudra définir quels terrains devront être acquis, mais ce n’est pas arrêté aujourd’hui. »
Dimension éthique
Le projet de faisabilité a été initié en 2014 et devrait prendre fin en 2025-2026. Cent scénarios du FCC ont été évalués en appliquant une analyse multicritère : la performance scientifique, les impacts territoriaux plus faibles et la compatibilité avec les contraintes du sol. En 2024, des études géotechniques et géophysiques seront engagées afin de cartographier précisément la composition des sous-sols. En surface, il faudra également veiller à ce que les constructions prévues soient compatibles avec les projets des communes.
En 2025-2026, le rapport de faisabilité permettra d’évaluer le projet sur les plans financier et technique, et en fonction de la stratégie européenne pour la physique des particules. Pour l’instant, le coût du FCC est estimé à 24 milliards de francs suisses (24,4 Md€).
Le Cern est attaché à la dimension éthique du projet. « Depuis 1954, le Cern s’inscrit dans une recherche respectueuse de l’environnement. Nous nous efforçons de réduire les impacts écologiques du laboratoire », souligne Malika Meddahi, directrice adjointe des accélérations et de la technologie. Par exemple, les déblais des travaux seront réutilisés en priorité ; ils seront également valorisés pour l’agriculture, l’adaptation des forêts au changement climatique et la production de matériaux de construction.
Un projet qui profite à tous
L’intérêt du projet est évidemment de faire avancer la recherche fondamentale, avec l’espoir de retombées importantes en matière de médecine et d’environnement, par exemple. De nombreuses universités et centres de recherche du monde entier sont partenaires. Cette coopération devrait attirer des innovateurs et des entrepreneurs.
Sur le plan local, le FCC représente aussi des opportunités pour les territoires, notamment en termes d’aménagement, avec la construction de routes, la mise en place de transports publics, le renforcement des réseaux d’électricité, d’internet… et, bien entendu, le recours à des industries et entreprises locales.
Léa Chalvet
Crédit photo à la une : ©Cern
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