Un chiffre d’affaires en chute libre au premier semestre, une gouvernance remaniée… le fabricant suisse de machines-outils subit de plein fouet la crise mondiale.
Les faits sont cruels : au premier semestre 2020, le chiffre d’affaires du groupe Tornos s’est élevé à 56,2 millions de francs suisses (MCHF), contre 117,2 MCHF au premier semestre 2019, soit un recul de 52,1 %. Dans le même temps il a enregistré pour 42,8 MCHF d’entrée de commande, soit 44,3 % de moins que l’an dernier (76,9 MCHF). Les résultats financiers en pâtissent évidemment. Le résultat opérationnel est négatif de 13,1 MCHF alors qu’il était positif de 8,9 MCHF au premier semestre 2019. Le résultat net plonge à – 13,9 MCHF contre + 9 MCHF l’an dernier. Seul le flux de liquidité disponible a tendance à s’améliorer : il était négatif de 12,2 MCHF, il ne l’est plus que de 8 MCHF.
Ces résultats font dire à l’entreprise basée à Moutier qu’elle « relève des défis majeurs ». Un euphémisme… Tornos produit des tours monobroches à poupée mobile et des machines multibroches très utilisées dans la mécanique de précision, notamment dans la vallée de l’Arve.
La faute au coronavirus ? Pas seulement. « Par moments au premier semestre 2020, son activité a été pratiquement paralysée dans le monde entier », confirme la direction, mais « la pandémie a éclaté alors que la demande de tours monobroches à poupée mobile et de machines multibroches avait déjà enregistré un net recul en raison de l’évolution structurelle dans l’industrie automobile », son principal client. Le groupe avait d’ailleurs anticipé un plan de réduction des coûts drastiques et des suppressions d’emploi. L’effectif a baissé de 729 personnes à fin 2019 à 636 à fin juin, essentiellement en mettant fin à des contrats temporaires.
Dans ce contexte, la direction est profondément remaniée. Le directeur financier Bruno Edelmann et le directeur marketing Bruno Allemand quittent leur poste. Ils sont respectivement remplacés par Luc Widmer, déjà en charge de la supply chain du groupe, et qui fut directeur financier de 2012 à 2015 ; et par Jens Thing. L’homme est bien connu dans le monde du décolletage puisqu’il a travaillé pour Mikron, GF AgieCharmilles et qu’il occupait le poste de directeur européen de l’américain Haas automation.
Et maintenant ? « Les incertitudes actuelles rendent les prévisions extrêmement difficiles », confesse la direction dans son communiqué. « Tornos compte sur une lente reprise des marchés globaux en 2021 », mais pas avant : pour le second semestre 2020, il anticipe un chiffre d’affaires « comparable à celui du premier ». Bref, le groupe serre les rangs. La production a été centralisée à Moutier, sous-traité des activités logistiques… et lancé un nouveau site de production en Chine, à Xi’an.

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