Alors que, pour la première fois depuis 2015, l’euro était repassé, en avril dernier, au-dessus de la barre de 1,20 franc suisse, la monnaie européenne repart à la baisse.
La chute de la livre turque, ainsi que les tensions au sujet des tarifs douaniers entre les États-Unis et la Chine, ont fait rebondir la monnaie helvétique. Résultat : un euro équivaut aujourd’hui à environ 1,13 franc. La valse entre l’euro et le franc se poursuit depuis 2015, date à laquelle la Banque Nationale de Suisse (BNS) a abandonné le seuil de 1,20 franc suisse par euro qu’elle avait maintenu depuis 2011. Aussitôt, la monnaie helvétique s’est retrouvée à parité avec la monnaie commune, pour se stabiliser autour de 1,08 franc pour un euro à l’automne 2016.
Le franc a ensuite connu une lente dépréciation qui vient de se terminer abruptement. Pourtant, la reprise de la croissance économique en zone euro depuis 2016 avait permis aux investisseurs de reprendre confiance en l’euro. Mais les récents troubles causés par Donald Trump et sa guerre commerciale et le conflit qui l’oppose à la Turquie ont poussé les investisseurs à se replier vers des lieux plus sûrs. Le franc suisse a toujours été une monnaie refuge.
Quand les marchés se disent que ça ne va pas bien, ils se tournent vers le dollar ou le franc. Par ailleurs, les incertitudes sur le nouveau gouvernement populiste italien, dont le marché craint un dérapage du budget, n’ont fait que renforcer les doutes des investisseurs, et donc cette hausse du franc.
Des conséquences positives pour les frontaliers
En Suisse, cette situation pourrait, en perdurant, peser sur les exportations, car les produits vendus sur les marchés étrangers deviendraient plus chers. Mais les consommateurs devraient retrouver un peu plus de pouvoir d’achat. En France, c’est une bonne nouvelle pour les travailleurs frontaliers qui, si cette hausse se confirme dans le temps, verront leur pouvoir d’achat augmenter de manière significative. Le tourisme transfrontalier pourrait lui aussi être stimulé, même s’il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences.
Mais cette hausse du franc va-t-elle se poursuivre sur le long terme ? Selon Fabrizio Quirighetti, responsable des investissements du groupe Syz à Genève, la réponse est non. « Je ne le pense pas. Il faudrait un fort ralentissement de la croissance mondiale, une grave crise financière ou une récession en Europe pour que la hausse du franc s’accélère réellement (…) Je pense que l’on va revenir naturellement, dans un contexte économique se stabilisant, vers le niveau de 1,15 franc ces prochains mois, puis 1,20 franc l’année prochaine », a-t-il déclaré à La Tribune de Genève.
Romain Fournier
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