Le marché aux bestiaux de la Chambière a adopté le système de vente au cadran depuis le début d’année. Une évolution qui s’accompagne d’un nouveau mot d’ordre : le respect de l’animal.
Classé parmi les dix plus grands marchés de bétail vif de France, le foirail de la Chambière, à Saint-Denis-lès-Bourg, joue un rôle central dans la filière élevage du département. Depuis le 7 janvier, le marché d’une capacité de 2 800 animaux a changé son mode de fonctionnement avec la mise en place du système de vente au cadran. Cette méthode moderne – qui repose sur une mise aux enchères électroniques des animaux – remplace le traditionnel marchandage de gré à gré.
« La période d’achat reste malgré tout physique et non à distance, précise Bertrand Bardet, directeur du foirail. Nous avions la volonté de garder le lien social entre les négociants et les vendeurs. » Résultat : une transparence renforcée, une meilleure mise en concurrence entre acheteurs et une nette dynamique commerciale. Les apports (nombre d’animaux supplémentaires) ont bondi de près de 10 % et le chiffre d’affaires de la Société anonyme d’économie mixte (SAEM), gestionnaire du site, a doublé.
Cette modernisation a été rendue possible grâce à un investissement de 750 000 euros, financé par la SAEM, pour équiper le marché d’un chapiteau d’enchères, d’une superficie de 280m², et de dispositifs de tri, de pesée et de contention des animaux. Tous les mardis matin, les ventes se déroulent en deux temps : les jeunes veaux dès 8 heures, puis les bovins pour la boucherie ou l’élevage à partir de 11 heures. En moyenne, plus de 700 animaux sont vendus par semaine.
Privilégier le bien-être animal
Au-delà de son activité commerciale, le Foirail de la Chambière place le bien-être animal au cœur de ses priorités. Une opération de contrôle pédagogique, pilotée par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), a eu lieu le 13 mai dernier sur le site, ainsi qu’à l’abattoir des Crêts et à la Coopérative d’abattage de Bourg.
Objectif : sensibiliser les professionnels aux exigences du règlement européen n°1/2005 et de l’article L.214-12 du Code rural, encadrant strictement le transport des animaux vivants. « Il arrive qu’une fois par mois, une bête arrive blessée après le transport. C’est notre rôle de vérifier à la réception et de sanctionner l’exploitant, si besoin », explique Xavier Pacreau, technicien de la DDPP, accompagné de Floriane Dammery, vétérinaire libérale, qui apporte les soins nécessaires.
Le site, agréé au niveau européen pour l’échange et le rassemblement d’animaux, fait l’objet d’un suivi sanitaire régulier : inspection complète annuelle, contrôles officiels mensuels et vérifications hebdomadaires réalisées par les vétérinaires sanitaires mandatés. De quoi pérenniser l’activité du marché, ouvert depuis 1986.
Une situation sanitaire critique
« Nous sommes au cœur d’un contexte sanitaire tendu en France, mais également à l’échelle internationale », alarme Eric Kerourio, responsable aindinois de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). Plusieurs régions sont touchées par la fièvre catarrhale ovine et le retour de la fièvre aphteuse en Europe inquiète.
Du côté du cochon, la filière subit aussi les conséquences du virus de la peste porcine africaine détectée en Italie et en Allemagne. « Là est tout l’enjeu de l’identification des bêtes, de leur traçabilité ainsi que d’une gestion sanitaire stricte », explique-t-il. L’État est « en alerte sur le sujet », rappelle la préfète Chantal Mauchet qui se veut rassurante. « Nous devons tirer les leçons des crises passées. Au niveau de l’État, des exercices sanitaires dans les élevages sont mis en place. »
Thibault Jeanpierre
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