Si Maria et Michel Pelletier se sont lancés dans les céréales non traitées dès 1984, l’entreprise s’oriente à présent, en plus, vers les filières équitables.
Moulin Marion a célébré les 13 et 14 juin, non pas son anniversaire – la société a été achetée par Célestin Marion, bisaïeul voire trisaïeul des dirigeants actuels, en 1917 – mais 40 ans de bio. Une orientation prise par Maria et Michel Pelletier, dès leur reprise de l’entreprise familiale, en 1984, pour la meunerie comme pour la société sœur qu’ils ont créée cette année-là, Aliments Marion, dédiée à la nutrition animale. Et ce choix de conviction s’est révélé payant, pour remonter une affaire alors sur le déclin.
À l’époque, le moulin n’employait plus que six personnes. Il en compte 60 aujourd’hui, pour une production de 15 000 tonnes de farines par an, pour 15 M€ de chiffre d’affaires (multiplié par cinq en 10 ans), et 20 000 t de céréales pour les animaux pour 12,5 M€ de CA (multiplié par deux). Deux filières interdépendantes puisque lorsque les grains se révèlent d’une qualité insuffisante pour l’alimentation humaine, ils sont orientés vers l’élevage (quand ils ne sont pas carrément refusés, ce qui arrive occasionnellement). Aussi sont-ils testés en labo dès leur livraison, avant même leur entrée dans les silos de l’entreprise.
« On dénombre 350 moulins en France. Beaucoup appartiennent à des coopératives agricoles. Très peu sont en bio, comme nous. Un gros moulin produit 300 t de farines par jour, nous sommes plutôt moyens, avec une production de 40 t/jour », indique Julien-Boris Pelletier, directeur général de Moulin Marion, qui, avec son frère Hugo, représente la cinquième génération à la tête de l’entreprise familiale.
« Nous sommes tout en bio, aujourd’hui, mais cette évolution s’est faite progressivement, d’abord par le recours à des céréales non traitées, puis par l’accompagnement à la conversion de nos agriculteurs partenaires. Nous travaillons avec un millier d’exploitants. Et notre production correspond à 20 000 hectares en bio. »
Mais, l’entreprise affiche une autre volonté, désormais : celle de créer des filières équitables. « Nous suivons environ 400 artisans boulangers, en local comme au national, notamment en Occitanie, où nous sentons un engouement sans équivalent dans les autres régions. Notre avantage est de ne pas faire seulement du blé, mais du sorgho, du maïs, du petit épeautre, de la châtaigne… Nous avons même développé une filière équitable graines de courge ! Mais il nous manque des distributeurs partenaires », souligne encore le directeur général.
Et de citer un accord avec un distributeur de produits bios, pour une farine qui garantit aux agriculteurs une rémunération de 150 €/t de blé dur. « C’est un virage que nous avons pris il y a 15 ans, avec les premières demandes. Et cela fonctionne parce que nous essayons d’entretenir une relation différente avec nos agriculteurs et nos distributeurs. »
Plaidoyer pour une alimentation saine
Si Julien-Boris Pelletier donne une nouvelle orientation au Moulin Marion avec les filières équitables, le combat pour la bio lancé par ses parents perdure. « Alors que nous vivons une situation environnementale catastrophique, une perte importante de biodiversité, nous observons une remise en question des mesures prises pour la préservation de la nature, au profit de l’agro-industrie, se désole le directeur général de l’entreprise, dont le regard se voile. Pourtant, toute la science, la médecine en particulier, dit qu’il faut arrêter avec les pratiques agricoles conventionnelles. Il ne faut pas l’oublier, ce que l’animal mange se retrouve dans notre propre nourriture, les œufs de poule, le lait de vache… »
Ainsi sont posés les enjeux de l’entreprise : dimensionnement des filières, diversité des cultures et protection de la biodiversité à travers différentes pratiques comme le couvert végétal.
Sébastien Jacquart
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