Effectuant récemment un recrutement pour un poste de commercial, j’ai pu constater que plus de 80% des curriculum vitae reçus ne comportaient pas de photos. A l’ère de la photo numérique et de l’exhibitionnisme culturel, ce choix de présentation sans visage avait de quoi m’interpeller.
En effet, achèteriez-vous un ordinateur, un canapé, ou même une brosse à cheveux sans en avoir vu au préalable au moins une photo ? Tous les sites de petites annonces vous le diront : quel que soit le produit que vous ayez à vendre, mieux vaut inclure un visuel pour augmenter vos chances de ventes par trois ou quatre ! Alors, pourquoi en irait-il différemment quand il s’agit de vendre sa propre personne sur le marché du travail ?
D’après de récentes études, la réponse est à chercher dans la confusion faite par les recruteurs entre apparence physique et compétences professionnelles. Ainsi, il a été démontré que les personnes séduisantes bénéficient généralement d’a priori positifs quant à leur savoir-faire professionnel, tandis que des personnes au visage disgracieux ou à la surcharge pondérale évidente seront écartées d’un recrutement dès l’envoi du CV. Un constat qui s’applique aussi bien à des postes de relations clientèle qu’à des emplois de back office !
Bien sûr, la pratique – discriminatoire – est interdite. L’apparence physique, tout comme l’orientation sexuelle, l’âge ou le patronyme, figure parmi les 18 critères de discrimination prohibés par la loi du 16 novembre 2001 modifiant le Code du travail. Mais il est souvent difficile d’amener des éléments tangibles permettant de mettre en évidence ce traitement différentiel.
Il incombe à tous les recruteurs de faire preuve de discernement et établir avec précisions les savoirs faire utiles pour apporter une véritable plus-value à leur entreprise. Il y a fort à parier que ceux-ci soient souvent éloignés d’un quelconque critère physique.
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