Négociations sur l’assurance chômage, indemnités prudhomales, réformes de la formation, fusion Agirc-Arrco… Président national de la CFE-CGC depuis 2016, le Savoyard François Hommeril commente pour Eco l’actualité sociale.
Cette interview est un complément au « zoom » sur la rentrée sociale paru dans Eco Savoie Mont Blanc du 25 janvier 2018.
Dans ce « zoom », François Hommeril évoque notamment le mouvement des Gilets jaunes, le Grand débat ou encore les mesures exceptionnelles annoncées en décembre.
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Des décisions de justice récentes semblent aller contre le plafonnement des indemnités prudhomales en cas de licenciement abusif. Cela vous satisfait ?
Il s’agit de décisions en première instance et il faut rester prudent, attendre la jurisprudence définitive. Mais évidemment je m’en réjouis : ce n’est pas à la loi de fixer les dommages et intérêts. Une partie des ordonnances Macron était inique et les défaire ne peut alors qu’être positif.
Où en est-on des négociations sur l’assurance chômage ?
La situation est assez critique. Le gouvernement a posé des contraintes assez fortes. Mais, pour nous, pas question de faire baisser les droits pour raison d’économie. Nous savons que la dégressivité des allocations n’est pas efficace pour faire diminuer le chômage. Ce qu’il faut c’est améliorer le retour à l’emploi et la requalification. Et il faut rendre plus chers les contrats très courts sur le mode du pollueur-payeur.
Mais le patronat n’y est pas du tout favorable…
Non. Sur cette question il n’a pas une attitude responsable. Pourtant sécuriser l’emploi c’est favoriser l’efficacité de l’entreprise. Pousser les salariés à accepter des emplois qui de sont pas adaptés à leurs profils ne va pas favoriser la compétitivité. En matière d’assurance chômage, il ne faut pas oublier que les salariés et notamment les cadres font déjà un gros effort : ils ne perçoivent que 57% de leur salaire brut et, souvent, il y a un délai de plusieurs mois avant de toucher les premières indemnités (NDLR : jusqu’à 180 jours de carence, depuis la réforme de 2014). J’attends aujourd’hui que le patronat fasse lui aussi un effort de responsabilité dans cette négociation.
En 2019, la réforme de la formation professionnelle va entrer en vigueur. Toujours inquiet ?
Oh oui. Je crois que l’on n’est pas au bout de nos peines. Il y a beaucoup d’usine à gaz dans les nouveaux dispositifs. En fait il y a eu, par pure idéologie, la volonté de nourrir le marché de la formation professionnelle privée, en rendant le cadre réglementaire toujours plus libéral. Mais j’ai de gros doute sur l’efficacité du système.
On vous entend moins sur les conséquences de la fusion Agirc-Arcco…
Cette fusion a un effet réel sur les salariés et les retraités (NDLR : un cotisant sera pénalisé de 10% pendant trois ans s’il décide de partir à l’âge légal alors qu’il a cotisé à taux plein ; un dispositif similaire est d’ailleurs actuellement en discussion pour les retraites « classiques »). Mais si les mesures prennent effet en ce début 2019, on ne les découvre pas aujourd’hui : c’est le résultat d’un accord de 2015, signé notamment par la CFE-CGC). Il s’agissait de sauver un régime mis à mal à la fois par le papy-boom et par la crise de 2008 et la diminution des cotisations qu’elle a engendrée. Plus que ces décotes sur les retraites complémentaires, le souci c’est la multiplications, depuis 20 ans, des dispositifs de diminution de ce que l’on appelle les « taux de remplacements » (le pourcentage de votre salaire que vous touchez à la retraite).
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