Les grainetiers d’Arbin perpétuent un savoir-faire acquis au fil de trois générations.
C’est au bout d’une impasse accessible à pied au sein du petit village savoyard d’Arbin que se niche la TPE Graines Grelin frères. Le fond de la cave de la vieille bâtisse familiale en pierres fait office de bureau. Ici, on n’a pas le temps de soigner les apparences. Seule compte la biodiversité que la famille cultive depuis quatre générations.
Sur les étagères en bois s’alignent en effet des dizaines de sachets de graines. Des fleurs et des légumes dont les deux cogérants de la graineterie, Thibaud et Simon Grelin, connaissent (presque) tous les secrets. Pour réellement tout savoir des 800 variétés disponibles, il faut faire appel à un drôle de « salarié », Jean-Claude Grelin, le père des frères jumeaux de 33 ans, qui l’ont embauché.
« C’est une encyclopédie botanique vivante », résume Thibaud. Et pour cause, il fut le patron de feu Graines Grelin. Une entreprise liquidée en 2018 suite à des difficultés financières. A l’époque, les deux fils font déjà partie de la société. La crainte de voir disparaître un héritage familial acquis depuis plusieurs décennies les motive à tenter leur chance. Poussés et soutenus par des clients, ils lancent alors un financement participatif pour relancer la machine. La récolte, de 25 000 euros, est plus fructueuse que prévu. Reste à faire pousser l’affaire.
« On a créé une nouvelle société, la SARL Graines Grelin frères dès janvier 2019. Pour nous, il était impossible que ça s’arrête car le travail réalisé en amont est monstrueux. Et puis, poursuit Thibaud, la botanique, ça devient vite une maladie… »


Depuis, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires stable de 200 000 euros autour de trois activités : la vente de grelinettes (50 % du CA), la graineterie (70 000 euros de CA) et la vente de plants maison (30 000 euros de CA). La première permet surtout de se faire connaître, y compris au-delà du territoire national.
Vendues essentiellement par internet, les grelinettes, inventées par l’arrière-grand-père en 1964, génèrent très peu de marge. Fabriquées à la main dans l’Ain, elles contribuent à la notoriété de la maison dont la plus-value se situe désormais sur les graines.
Spécialisée dans les variétés reproductibles anciennes et dans les sélections maraîchères (qui sont des alternatives aux hybrides), la TPE travaille avec douze producteurs européens à qui elle achète ses semences en vrac. « Nos graines ne sont pas bio, précise Thibaud, mais elles ne sont pas traitées après récolte. Si nous étions en bio, nous ne pourrions pas bénéficier d’une telle variété, nous aurions à peine 150 références au lieu des 800 actuelles… »
Toutes sont reproductibles par le jardinier, contrairement aux hybrides qui inondent les jardineries. Mises en sachets à la main par la famille, elles recèlent de trésors oubliés tels que les haricots crochets de Savoie ou les betteraves burpees golden… La vente s’effectue par internet mais aussi lors des fêtes des plantes printanières et sur les marchés de La Rochette, d’Albertville et de Chambéry.
C’est également au printemps qu’une petite production de plants floraux et potagers est proposée au public. « Cette activité de pépinière nous permet de tester nos variétés, de savoir ce que l’on vend. Ici, on n’applique pas seulement la théorie, on connaît toutes nos plantes ! » Pas de doute, la graine de la passion a bien germé chez les frères jumeaux.
Grelin… ette
André Grelin était en avance sur son temps lorsqu’il a inventé la grelinette en 1964. Son brevet, tombé dans le domaine public dans les années 1980, vaut désormais à cet outil de jardinage d’être ardemment copié et à son nom de figurer au dictionnaire.








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