Le rapport international sur le tourisme de neige et de montagne, édition 2021, a été dévoilé par l’expert suisse Laurent Vanat. La saison 2019/2020 a été globalement catastrophique avec une fréquentation en recul de 18 % dans le monde et de 15 % en France.
Ce n’est pas une surprise, l’hiver 2019/2020, marqué par la première vague de la pandémie de Covid19, affiche une baisse record de la fréquentation mondiale de 18 % entre octobre 2019 et octobre 2020… « la plus importante depuis vingt ans », d’après Laurent Vanat, qui a scruté à la loupe quelque 6 000 stations dans 68 pays, parmi lesquelles 52 enregistrent plus d’un million de journées skieurs (soit 22 % des journées skieurs mondiales).

En France, la baisse estimée est de 15 %. « Pourtant la saison avait bien commencé malgré des températures douces avant d’être interrompue brutalement le 15 mars », observe le spécialiste, qui rappelle la forte résilience de l’industrie française du ski. Toutefois, cette diminution de la fréquentation s’inscrit dans la lignée des hivers précédents, en raison notamment des lits froids au sein d’un parc vieillissant et de l’hyper concurrence internationale. En tête, l’Autriche qui supplante la France par sa capacité hôtelière et ses établissements (plutôt des 4 étoiles) au très bon rapport qualité/prix. Résultat, en 2019/2020, la France conserve sa troisième place des destinations mondiales du ski, derrière les États-Unis et l’Autriche.

Doper le ski indoor
Pour pallier cette désaffection des skieurs, et surtout les plus jeunes, Laurent Vanat évoque à nouveau le ski urbain indoor… « Un bon moyen, comme en Chine, d’amener les urbains à l’apprentissage du ski. Il existe une vrai demande, à la France de la développer ». Même si selon lui, il n’existe pas de formule magique pour doper la performance des stations, l’accueil des skieurs et la politique événementielle y contribuent.
Autre point sensible évoqué par l’expert : le réchauffement climatique qui, pour l’heure, ne met pas les stations de ski en péril. D’après une étude autrichienne sur l’évolution des températures des stations alpines depuis 50 ans, leur hausse reste “très contenue“ sur les trois mois d’hiver (de décembre à février), la courbe oscillant de -0,3°C en 1971/72 à +0,3°C en 2020/21. S’agissant de la moyenne décennale sur les 30 dernières années, elle varie de +1° à -1°C (voir graphique ci-dessous). « Donc oui, on continuera de skier après 2050 même s’il neige moins qu’avant », ajoute Laurent Vanat, alors que le changement climatique impacte beaucoup plus la montagne l’été, avec un recul très net des glaciers.

« Aujourd’hui, une économie sans ski n’est pas rentable »
Quant à l’hiver 2020/21, les chiffres plongeront inéluctablement, les remontées mécaniques n’ayant pas ouvert de tout l’hiver. En France mais aussi en Allemagne et en Italie, comme le souligne Laurent Vanat. Soit l’équivalent de 85 millions de journées skieurs (dont 51 millions pour la France) perdues. La Suisse, qui a ouvert ses domaines skiables mais a vu son nombre de touristes étrangers diminuer, devrait enregistrer une baisse d’environ 24 % « avec dans certaines stations, une fréquentation au-dessus des moyennes ».

« La crise a donné la preuve qu’une économie sans ski est possible mais pas rentable. Les stations cherchent à développer l’été, multipliant les activités. Mais pour concurrencer le ski, l’offre doit être démultipliée pour attirer davantage de monde et rester aussi attractives que l’hiver. Seules quelques stations comme Chamonix arrivent à rivaliser parce qu’elle sont parvenues à équilibrer l’hiver et l’été », conclut Laurent Vanat.
Photo Une : La Plagne est la seule station française à figurer dans le top 3 mondial ©Office de tourisme de la Grande Plagne.
______________________
Par Patricia Rey
______________________
0 commentaires