Nadine Mure-Ravaud, abat-jouriste maître artisan d’art à Saint-Étienne-du-Bois, présente un lustre à la gloire du plumage blanc immaculé de la reine des volailles.
« On parle toujours de la plume d’oie, des plumes de paon ou encore, d’autruche, mais jamais de la plume du poulet de Bresse, relève l’abat-jouriste maître artisan d’art, Nadine Mure-Ravaud. Pourtant, cette plume offre une lumière et une texture très particulière comme on peut le voir avec la suspension que j’ai réalisée dans le cadre de l’exposition De la matière à l’œuvre, de l’Atelier des savoir-faire, dans le Jura ».
Si ce trésor culinaire qui bénéficie d’une AOP (Appellation d’origine protégée) est reconnaissable dans l’assiette, il l’est également par son plumage entièrement blanc. Et pour l’artiste, le rendu lumineux de ce matériau offre au regard un esthétisme à la fois élégant et très aérien. Tant et si bien qu’elle imagine le fruit de sa créativité dans un lieu, tout en finesse, éclairant, pourquoi pas, les salles à manger de celui qui met à l’honneur l’art de vivre et les produits emblématiques du territoire, Georges Blanc, pour ne pas le citer.
Un parcours extraordinaire
Juriste de formation, Nadine Mure-Ravaud tombe sous le charme des abat-jour, au détour de la découverte d’une boutique parisienne qui propose ces objets à la vente. Elle se lance alors dans un nouveau projet professionnel, celui de devenir abat-jouriste. Après avoir suivi des formations aux États-Unis, en Angleterre et même à Singapour, elle exerce pleinement son art. Plus de trente années se sont écoulées pour cette Aindinoise de cœur qui possède son atelier, chez elle, à Saint-Étienne-du-Bois.
Si aujourd’hui, elle rend hommage à toute une filière de l’excellence à la française et à la difficulté d’un métier, à travers sa suspension en plumes travaillées au fer à friser, elle souhaite réveiller les consciences : « Le métier d’abat-jouriste est méconnu et il est impératif de le valoriser pour sauvegarder ce savoir-faire artisanal. » C’est, en quelque sorte, un nouveau défi à relever pour la créatrice qui tient à préciser la facilité d’entretien et l’absence d’odeur de cette suspension haute couture.
3 000 : Cousues et collées, c’est le nombre de plumes qui composent la suspension.
De la matière à l’œuvre
L’exposition temporaire De la matière à l’œuvre est visible jusqu’au 31 octobre, à l’Atelier des savoir-faire, à Ravilloles (Jura). « Elle propose une exploration approfondie du processus créatif, où les ressources naturelles locales sont métamorphosées en objets d’art grâce à l’ingéniosité et au savoir-faire des artisans », souligne l’Atelier des savoir-faire. Elle rassemble les œuvres de 18 artisans, artistes, centres de formation et musées venus de toute la France, dont l’Aindinoise Nadine Mure-Ravaud.
« La thématique m’a séduite et, dès le mois de janvier, je me suis mise en action. De la réalisation de la carcasse à l’assemblage, en passant par le choix du poulardier (Aurélien Bouilloud, qui plume à sec) et le tri des plumes, il me fallait relever le défi pour montrer que d’un déchet, fut-ce d’une volaille emblématique, on peut en faire une œuvre lumineuse, commente l’abat-jouriste maître artisan d’artisan. Et cette mise en lumière me tenait à cœur. »
Carole Muet
0 commentaires