La nouvelle déléguée territoriale du Medef de l’Ain a pris ses fonctions en début d’année avec pour but de donner au groupement patronal un visage plus en harmonie avec son temps.
Gaëlle Curtet, quelques mots pour vous présenter !
Originaire de Buis-les-Baronnies, un village de la Drôme Provençale, je suis mariée et mère de trois enfants. En grande partie autodidacte, diplômée sur le tard, à 42 ans, pour pouvoir candidater à des postes à responsabilités et satisfaire mon envie de carrière, je me définis comme quelqu’un d’opiniâtre.
Quelles sont vos missions au sein du Medef ?
Il y en a trois, simples autant que complexes. À cause de la période Covid-19 et du départ de mon prédécesseur, l’association est restée sans délégué durant presque une année. Dans un premier temps, il me faut recommencer à animer le réseau des adhérents. L’équipe en place a tenu le coup, mais il ne s’est pas passé grand-chose depuis deux ans environ. Aujourd’hui, ma mission est de redynamiser, remettre des actions en place, des outils à disposition des entreprises, faire du lien… Le sens même du Medef 01, c’est l’aide et l’accompagnement aux entreprises dans toutes les difficultés qu’elles peuvent rencontrer ou les innovations qu’elles veulent engager. Il y a un mot très en vogue qui s’adapte bien à notre situation : résilience. Mais pour cela je peux compter sur une équipe, certes restreinte en nombre, mais très dévouée au Medef. Ensuite, j’ai toute la partie développement à reprendre en main. Le Medef 01 est une association, qui, en tant que telle, a besoin de membres. On compte aujourd’hui 141 adhérents directs, mais aussi des adhérents indirects, non quantifiables, qui viennent des trois branches adhérentes : métallurgie, BTP et chimie. Enfin, j’ai à maintenir toute la partie lobbying, avec, essentiellement, la gestion des mandats et des sièges que l’on nous octroie dans les différents organismes et institutions. Je n’ai pas encore pu faire le tour de tous, car il y a plus d’une centaine de mandats. Mais, pour le mandat prud’homal, avec pour l’Ain trois circonscriptions, il nous faut pourvoir aux 30 sièges de magistrat dans les différentes sections. Au 15 juin, tous les sièges devront être attribués.
Quelle est votre feuille de route ?
Pour le moment, j’ai carte blanche. On est sur un nouveau modèle de fonctionnement de l’association, avec un conseil d’administration de 32 membres qui a souhaité reprendre un peu de pouvoir sur l’organisation. Six commissions (mandats, communication, réindustrialisation, transition écologique, transition numérique et l’international) ont été créées et avec lesquelles je travaille. Précisons que j’ai été engagée au titre de déléguée territoriale, et non générale, ce qui m’enlève un peu de pouvoir par rapport à l’ancien poste. Mes prérogatives ont été volontairement limitées pour permettre au conseil de garder la main.
Quelles sont vos relations avec les autres organisations patronales, comme la CPME par exemple ?
Mon président et moi avons pris rendez-vous dès mon arrivée avec Agnès Bertillot, présidente de la CPME de l’Ain. L’échange a été très cordial. Nous avons envie de travailler de façon concertante et constructive sur certains sujets, comme celui des prud’hommes, où nous allons effectuer un travail commun de parité pour les sièges. Le fait même que j’aille frapper aux portes des autres syndicats patronaux a été fortement apprécié.
On imagine le Medef puissant et uniquement fait pour les grosses entreprises, mais c’est faux ! La moyenne de nos entreprises adhérentes se situe entre trente et quarante salariés et nous en avons beaucoup avec moins de 10 salariés. Notre rôle réside dans l’accompagnement des PME et, surtout, l’accompagnement du patron dans la croissance de son entreprise. Nous souhaitons revenir sur ces préjugés de représentation uniquement de multinationales.
En choisissant une femme, sportive et pleine de bonne volonté, le Medef veut-il couper avec une image vieillotte ?
Le Medef doit se réinventer ! Dans sa façon d’être, d’agir, de communiquer. Le conseil d’administration en est conscient et avec son président, Stéphane Rostaing, il est à l’initiative de la refonte dans laquelle je ne suis que la cheville ouvrière. Tout le monde garde à l’esprit que cette transformation ne se fera pas en un mois ou deux, mais sur une année, au moins, le temps que je me fonde entièrement dans ce nouvel écosystème. Pour autant, comme je l’ai dit, je n’ai pas tout ce temps en raison des échéances, comme les renouvellements de mandats. Pour le pôle sécurité sociale, par exemple, il m’a fallu tout boucler pour mars, alors que je suis arrivée en janvier. La feuille de route se construit d’elle-même avec ces jalons.
Situation en Ukraine, flambée des prix des matières premières, hausse du prix de l’énergie, à l’heure où les nuages s’accumulent au-dessus des têtes des chefs d’entreprise, un Medef de l’Ain en état de marche prend tout son sens pour les conseiller, informer…
Oui, et c’est pour cela qu’il nous faut nous développer. Des entreprises se demandent comment elles vont faire pour s’en sortir avec le coût des matières premières, l’énergie, etc. Nous faisons remonter toutes ces informations terrains auprès du Medef national pour qu’il exerce son lobbying auprès de l’État. L’autre problème de taille pour elles, c’est le recrutement de main-d’œuvre. Là, nous nous inscrivons plus sur de l’information à leur transmettre et sur l’interaction avec d’autres acteurs économiques du territoire. On doit aussi mettre en avant que des travailleurs handicapés peuvent rejoindre les entreprises. C’est un vrai vivier, pas toujours connu, de personnes motivées prêtes à intégrer un poste. Nous sommes en train de monter des actions pour acculturer les entreprises et ôter tout sectarisme.
Économiquement, dans quel état de santé sont les entreprises que vous côtoyez ?
Covid-19, inflation, conflit ukrainien, tension sur l’emploi… quand on fait la somme de tous ces facteurs, on obtient une sorte de cocktail qui freine la bonne marche des entreprises et donne une situation un peu plus tendue chaque jour. Le coût élevé de l’énergie est en train de plomber les finances des entreprises. Dans une assemblée régionale où je me trouvais, un chef d’entreprise de la plasturgie a constaté que son contrat d’énergie allait être multiplié par cinq, alors qu’il a déjà 500 000 euros de facture par an… Si la situation n’évolue pas, le coût sera impossible à répercuter et il risque de fermer ses portes, alors que son carnet de commandes est plein.
80
Le Medef de l’Ain fêtera ses 80 ans le 13 octobre prochain. Le lieu et les festivités sont encore à l’étude.
Bio express
- 2010 : Chargée de mission au Cecof, centre de formation d’apprentis à Ambérieu- en-Bugey
- 2014 : Responsable qualité sécurité pour le groupe Europe Garage
- 2018 : Licenciée en management qualité sécurité environnement
- 2020 : Responsable QSE nucléaire pour le groupe Snef (génie électrique)
- Janvier 2022 : Déléguée territoriale du Medef 01
Eliséo Mucciante
0 commentaires