Si les échecs ou le jeu de Go sont souvent considérés comme des répliques ludiques des plus grandes stratégies guerrières, le poker pourrait bien apparaître comme le reflet moderne des batailles de pouvoir que se livrent les principaux dirigeants de la planète. Le panache y est moindre et l’intelligence a perdu de sa superbe au profit du bluff et du paraître.

C’est en tout cas l’impression que m’a laissée le dernier sommet du G20 qui s’est tenu en Corée du Sud, en fin de semaine dernière. Chacun y abattait ses meilleures cartes économiques, financières, énergétiques… dans l’espoir de renforcer ses positions, voire d’emporter le tapis. Et les pays moins bien servis ne pouvaient qu’espérer quelques coups de bluff réussis pour imposer partiellement leur jeu et ressortir de la partie sans y avoir laissé leur chemise et leurs bottes.

Ainsi, sous couvert de trouver des solutions équilibrées et pacifistes (puisque sans recours direct à des procédés meurtriers) quelques puissants jouent l’avenir du monde en espérant prendre le leadership du tournoi en cours. La crise, loin d’avoir renforcé les principes de solidarité souvent énoncés dans les discours, semble au contraire exacerber les comportements individualistes où chaque pays cherche les moyens de sa relance dans l’affaiblissement des autres concurrents.

Dans cette dernière partie, les deux joueurs les plus forts étaient évidemment les Etats-Unis et la Chine et le tournoi n’était finalement qu’un duel, les autres participants n’ayant pas assez de jeu pour espérer peser réellement sur l’issu du match. Les premiers ont donc soutenu le bien-fondé de leur recours abusif à la planche à billets, tandis que les seconds s’accrochaient à leur politique de dévaluation monétaire pour essayer respectivement de renouer avec la croissance, au détriment du reste du monde.

Pendant ce temps la France, elle, préférait peaufiner sa technique du bluff sur une autre table de jeu, celle du remaniement ministériel, en espérant sans doute gagner en expérience pour le prochain tournoi international.