Certains ont vécu le déconfinement avec soulagement, d’autres avec inquiétude. Face au décrochage de salariés, des dirigeants soutenus par la CPME01 sont en quête de solutions.
L’épidémie de Covid-19 a suscité de nombreuses inquiétudes chez une majorité de Français, à commencer par la peur de contracter le virus, la crainte qu’une personne de son entourage soit atteinte, des inquiétudes sur le plan économique, des difficultés à rester en permanence à son domicile et une perte de lien social. Le 11 mai dernier, à la sortie du confinement, une majorité de personnes se sont senties soulagées de pouvoir reprendre (un peu) le cours normal de leur vie. Mais ce déconfinement n’est pas si simple pour tout le monde. Pour certains, le confinement a pris valeur de protection contre le virus et le déconfinement s’associe alors à une nouvelle prise de risque. Une minorité de personnes a développé un trouble anxieux particulier : le “syndrome de la cabane”. Ce syndrome a été décrit pour la première fois au début du XXe siècle chez des personnes vivant en milieux isolés pendant de longues périodes. Elles pouvaient ressentir une véritable angoisse à l’idée de sortir de leurs petits espaces clos et contrôlés.
Télétravailler, une tâche comme une autre
Dans le monde de l’entreprise, certains dirigeants assistent désemparés au “décrochage” de leur (s) salarié (s). Pour tenter d’apporter des réponses, la CPME de l’Ain a invité ses adhérents à une table ronde organisée à l’Hostellerie du Vieux Pérouges (photo). Dans un cadre convivial tout autant que professionnel (on peut-être sérieux, sans se prendre au sérieux, n’est-ce pas ?), l’organisation patronale a d’abord fait intervenir Emmanuel Maquet, directeur de 3aConseils : « Le confinement a modifié notre façon de voir, dit-il. La situation est inédite. Le fait de travailler à la maison est devenu, pour certains, une tâche comme une autre que l’on effectue entre deux machines à laver. Le déconfinement a été vécu comme un soulagement, mais on est rentré au compte-gouttes. Certains ont eu du mal à revenir, parfois, parce qu’ils ne pouvaient pas faire garder leurs enfants dont les écoles étaient fermées, parfois, parce qu’ils avaient tout simplement décroché… ».
« Le décrochage professionnel peut provenir de quatre choses, a expliqué Odile Boudot, psychologue du travail. Le salarié est déplacé ; il est promu (et vit autre chose) ; il se replie sur lui ou il perd sa portance (aptitude à supporter des charges). Mais le décrochage professionnel a toujours existé. Aujourd’hui, le salarié est tout simplement réticent : le confinement l’a rendu différent. »
C’est grave docteur ?
Qui dit problème dit (peut-être) solution. Quelles sont celles que propose alors Odile Boudot aux dirigeants ? « D’abord, questionner les salariés sur les compétences qu’ils ont développées durant le confinement en essayant de les mettre en adéquation dans l’entreprise. Pour cela, il faut créer au sein des structures des groupes de discussions pour faire parler du vécu, partager ce qui a été positif et négatif dans le télétravail. Sortir de l’anxiété pour aller vers le positif. Ensuite, il faut se projeter. Imaginer la suite, ça aide à se projeter. Cela peut même être une véritable opportunité ! »
La psychologue a une formule plutôt simple et efficace qui pourrait se résumer à une image que l’on a tous en tête : « On a vécu comme une bouteille d’Orangina qui a été secouée et a fait remonter la pulpe du fond. Soit on l’ouvre, et on sort tout, soit on laisse pourrir au fond, avec les risques que cela induit. » Elle ne précise pas dans la thérapie si le cri de guerre que l’on a tous en tête doit être lancé…
54 %
D’après un sondage “post-Convid-19” réalisé par Imagine Human et l’Institut BVA Opinion réalisé du 14 au 18 mai 2020 auprès d’un échantillon de 1 000 salariés représentatifs de la population salariée française, 54 % d’entre eux déclaraient avoir peur pour leur santé et celle de leur famille, et ne se sentaient pas à l’aise à l’idée de retourner sur leur lieu de travail.
Par Eliséo Mucciante

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