Un million selon la police, trois millions et demi selon les syndicats. La colère gronde dans la rue contre la réforme des retraites, et le mouvement semble s’accentuer encore. Mais il est difficile de se faire une idée précise de la protestation, tant les chiffres sont farfelus. Nous sommes, depuis longtemps, habitués à des rapports allant de un à deux, mais quand l’écart se met à croître de façon exponentielle… Il nous faut alors chercher d’autres pistes pour tenter de cerner la vérité. Ainsi, certains médias ont établi leurs propres modes de calcul pour connaître enfin le nombre réel de manifestants et leurs résultats font apparaître – surprise – une participation…inférieure au comptage de la police. Alors que l’on pensait trouver la vérité à mi-parcours, celle-ci serait-elle finalement du côté du gouvernement ? Trop facile ! Divers sondages nous prouvent que 69% des Français soutiennent le mouvement de grève, chiffre qui s’élève à 80% parmi les ouvriers ou les étudiants, soit deux des acteurs majeurs des manifestations. On en perd son latin.
A propos de ces étudiants, la polémique fait rage pour évaluer la légitimité de leur participation. La droite crie au scandale de la manipulation, clamant à qui veut l’entendre que la jeunesse ne peut être concernée par des mesures qui auront évolué encore d’ici à leur propre retraite. La gauche, quant à elle, se défend de toute volonté d’endoctrinement et prétend haut et fort que les étudiants d’aujourd’hui sont les victimes de demain, justifiant ainsi leurs prises de position dans le combat. J’aurai personnellement tendance à mettre le curseur entre les deux, mais l’expérience citée plus haut me fait douter du bien-fondé d’une telle démarche. Est-il vraiment impossible de dépasser la politique politicienne au profit de la vérité ?
Autre illustration, le rejet sans débat par l’assemblée nationale de l’amendement 249 qui prévoyait l’alignement du régime spécifique de retraites des membres du gouvernement et des parlementaires sur le régime général montre la pertinence de cette interrogation. Les manoeuvres de chaque camp, visant à imposer leur vision d’avenir, nous font perdre de vue la vérité.
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