On / off

par | 10 décembre 2010

Fin novembre, en marge du sommet de l’OTAN. Le président Nicolas Sarkozy donne une conférence de presse. Jusque-là, rien de bien extraordinaire. Sauf que cette conférence de presse-là se tient en off. Ce qui veut dire que les confrères présents ne devaient en aucun cas relater les propos tenus. Le but du off, c’est en effet de pouvoir recueillir sur le terrain des infos – parfois sensibles ou tout du moins confidentielles – pour mieux comprendre ou appréhender un sujet. Quant à la conférence de presse, elle est censée nous permettre, à nous autres journalistes, de prendre connaissance des tenants et aboutissants d’un fait, pour pouvoir le relayer. Donc informer les professionnels des médias sans qu’ils puissent – à leur tour – informer le grand public me paraît particulièrement étrange. Déjà que nombre de personnes n’ont qu’une moyenne confiance dans notre métier…

Lors de ce off avec le président, celui-ci s’est emballé lors d’une question sur l’affaire Karachi et s’est permis de qualifier nos confrères de pédophiles. Provocation de la part de l’édile, ou de la part des confrères présents ? On aurait demandé aux journalistes ayant enregistré la conférence de détruire leurs bandes…Ce qu’ils n’ont pas fait. Et à mon avis, ils ont eu raison. Il a fallu plusieurs jours pour faire la lumière sur cette affaire, et encore, on ne sait pas tout.

Je crois sincèrement qu’il faut rendre publiques ces déclarations. Pourquoi ? Parce que c’est un exemple édifiant de ce à quoi nous pouvons nous heurter. Prenez les propos tenus récemment par Jean-Luc Mélenchon, leader du parti de gauche : il qualifie les médias de « sale corporation voyeuriste et vendeuse de papier » !

Sans se faire insulter, nous nous confrontons régulièrement à des « je ne suis pas intéressé », « je n’ai pas confiance dans la presse », « les journalistes sont des fouilles-merde », et j’en passe et des meilleures. Que ça m’énerve ! Notre boulot, c’est de chercher à faire savoir, faire connaître, établir la lumière sur des faits. Parfois on dénonce, parfois on valorise. Nous n’avons rien à vendre et ne sommes pas à vendre !

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