Population : une Isère toujours attractive mais marquée par la périurbanisation

par | 20 juin 2020

L’Isère, toujours attractive et dynamique ? Avec près de 1,2 millions d’habitants, notre département semble confirmer sa bonne position en matière de démographie à l’échelon régional, même si l’on assiste à des mouvements de population en faveur des espaces périurbains amenant à leur tour de nouveaux enjeux.

Alors qu’Auvergne-Rhône-Alpes est toujours la deuxième région la plus peuplée de France, avec ses 7 948 300 habitants (*), l’Isère fait elle aussi figure de bon élève. Elle se place en effet juste derrière le Rhône, au titre du second département le plus peuplé, avec 1,2 millions d’habitants. « L’Isère représente 16 % de la population régionale, soit l’équivalent de la population de l’ancienne région Auvergne », annonce le président du département isérois, Jean-Pierre Barbier, qui rappelle que son territoire constituerait ainsi « l’une des principales locomotives économiques et démographiques de la région ». « D’ici 2050, la population iséroise pourrait atteindre 1,5 million d’habitants si les tendances récentes d’évolution (fécondité, mortalité et migrations) se poursuivaient », ajoute-t-il. Un boom qui pourrait représenter 250 000 nouvelles âmes, « soit la taille de la ville de Bordeaux ». En l’espace de cinq ans, l’Isère aurait ainsi gagné 34 000 habitants, tandis que dans sa principale ville, Grenoble, a bondi de 80 000 habitants au cours des 10 dernières années, pour un total de 158 454 résidents.

Pour autant, toutes les communes du département ne semblent pas placées à la même enseigne. « Evidemment, il existe des différences entre villes et campagnes, mais aussi d’un territoire à l’autre, car l’Isère est un département d’une grande diversité », rappelle Jean-Pierre Barbier. Pour preuve :alors que la commune de Pont-de-Claix, située en banlieue grenobloise, a perdu près de 800 habitants en cinq ans, d’autres comme Bourgoin-Jallieu ont gagné près de 1600 âmes, devenant ainsi la 5e ville la plus peuplée du département. Car à l’image des trois dernières décennies, marquées par des phénomènes de périurbanisation à l’échelle française, les grandes aires urbaines, développées autour des agglomérations de Grenoble, Vienne ou Lyon, concentrent désormais près de la moitié de la population du département.

Un territoire très diversifié

Un territoire qui demeure aussi fortement marqué par l’empreinte de la montagne, puisque l’on dénombre près de 491 000 habitants établis au sein de 322 communes de montagne, où l’arrivée des populations cadres, accompagnant les naissances, permettent d’atteindre un solde migratoire faible mais positif.

« Certaines communes, comme Villard-de-Lans (Vercors), enregistrent encore une croissance démographique alors que, de manière générale, les communes isolées et situées hors de l’influence des villes ou des stations de ski ont plutôt tendance à perdre de la population, comme le massif de l’Oisans par exemple », note Jean-Pierre Barbier. Celui-ci rappelle que l’Isère peut compter sur des facteurs d’attractivité liés à la qualité de vie de ses territoires, tels que « le dynamisme économique, la connectivité routière et numérique, le maillage et la qualité des établissements scolaires, l’accès au système de santé, le dynamisme culturel ou encore la beauté des paysages ou le bien manger ».

Corinne Pollet, responsable des études démographiques de l’Insee Auvergne Rhône-Alpes, nuance toutefois le tableau: « La particularité étant que cette année, contrairement aux éditions précédentes, l’Isère tout comme la Loire ont affiché un solde migratoire nul. Leurs résultats ont été portés uniquement par les naissances, mais pas par les arrivées de nouveaux habitants ». Ainsi, les grands pôles de 10 000 habitants et plus commenceraient à tendre vers des soldes migratoires négatifs, alors que la croissance la plus forte serait désormais enregistrée dans les territoires et les communautés de communes périurbaines (déjà + 0,9 % par an entre 2011 et 2016).

Une dynamique en faveur du Nord Isère

Une situation qui va même jusqu’à toucher le cœur de la capitale iséroise, au sein du territoire formé par Grenoble-Alpes-Métropole, qui affiche cette année un solde migratoire de 0,4. Et ce, alors même que d’autres secteurs comme l’agglomération des portes de l’Isère ont connu une évolution de leur solde migratoire positive (+1,1), de même que celle du pays Voironnais (+0,5) ou de Vienne agglomération (+0,8).

« Il faut se rappeler que si le périmètre de l’actuelle métropole de Grenoble représentait jusqu’à 46% de la population iséroise en 1975, ce n’est plus le cas en 2020, où il ne regroupe plus que 35% de la population. La démographie est désormais portée par une dynamique qui se trouve davantage en Nord Isère, où se situe 70% des nouveaux habitants enregistrés au cours des 10 dernières années », jauge Jean-Pierre Barbier, rappelant que les métropoles cumulent quant à elle des problématiques en matière de circulation et d’accès aux transports en commun. A l’autre bout du spectre, Corinne Pollet note que ce phénomène « ne va pas jusqu’à bénéficier néanmoins aux petites communes isolées». Une chose est sure : ces mouvements de population font plus que jamais apparaître de nouveaux défis, notamment en matière de mobilité, alors même que la compétence transport est en cours de transfert au niveau des régions (pour son volet non-urbain), avec l’arrivée de la loi NOTRe. « L’un des principaux enjeux des années à venir sera d’être en mesure d’accompagner les déplacements domicile-travail, dans un contexte où les préoccupations environnementales et écologiques se retrouvent en plein essor», conclut Corinne Pollet.

(*) d’après les chiffres de l’INSEE compilés entre 2012 et 2017


Par Marie Lyan

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