À 40 ans, la Haut-Savoyarde affiche un palmarès 2016 impressionnant et collectionne les titres les plus convoités de la planète trail. Nous l’avons rencontrée…
Championne du monde de trail, vainqueur de l’UTMB, numéro 1 mondiale de l’Ultra trail world tour (11 courses inscrites au programme en 2016), et depuis le 24 juin 2017 gagnante du Lavaredo ultra trail en Italie, plus rien n’arrête Caroline Chaverot, pourtant fragilisée par des problèmes de santé. Elle court, elle court, rêve de paysages grandioses… et aussi d’ascensions alpines.
Comment êtes-vous venue au trail ?
J’ai toujours pratiqué beaucoup de sport, comme le kayak, l’escalade… Après ma troisième grossesse, j’ai dû rester alitée (Caroline est maman de trois enfants de 5,5 ans, de 6,5 ans et de 8,5 ans, Ndlr). Je n’en pouvais plus de rester couchée et je ressentais le besoin vital de bouger. Comme il fallait que je pratique une activité outdoor qui soit facile et rapidement accessible, je me suis mise à courir. Au départ, plus par nécessité que par plaisir. Dernière chez moi, j’ai une jolie forêt, et contre toute attente, j’y ai pris goût. Un jour, j’ai vu un panneau annonçant le trail du Salève, et je me suis inscrite. C’était dur mais cela m’a plu. Et depuis je n’ai jamais cessé de grimper dans la montagne. En 2012, j’ai couru sept trails. J’avais le virus. J’ai alors décidé de m’entraîner, gagnée par la performance. J’ai commencé par acheter des livres sur la pratique, me suis renseignée sur internet… et pour finir, j’ai gagné quelques belles courses en 2013, dont la CCC. C’était ma première course de plus de 100 km et j’ai eu le déclic. Depuis je me suis spécialisée dans ce type de format
C’est difficile à ce niveau de concilier sport et vie de famille ?
Quand on a une vie de famille et trois enfants à gérer, cela devient compliqué. Aucune de mes concurrentes, à ce niveau, n’a ma vie. Elles n’ont pas d’enfants et souvent n’ont pas de job car elles ont un statut de pro. Mais c’est un choix de vie. Je ne peux pas vivre uniquement du trail et en cela, c’est une richesse car on tourne vite en rond. C’est aussi une grande source de motivation qui m’amène à me dépasserEt je suis aussi une maman dans l’âme. Je veux que mes enfants, plus tard, réalisent leur projets et leurs rêves et pour cela je dois travailler. C’est aussi pourquoi le temps m’est compté. Du coup, je suis très organisée. Tout est question de logistique. Et je suis aussi très épaulée par mon mari, dont j’ai le soutien. En septembre, je passe à mi-temps comme professeur d’histoire-géo dans un lycée de Genève et je pourrai davantage m’entraîner.
L’UTMB reste votre grand défi ?
Je l’ai remporté l’an dernier et compte bien réitéré cet exploit même si mes problèmes de santé ne sont pas totalement résolus. Mais j’ai à coeur de réussir… Tout est dans la tête. Cet ultra trail est réputé difficile. Il est très long et il faut courir tout le temps, avec l’obligation d’être rapide. L’an dernier, j’ai ressenti la souffrance mais je l’ai transcendée… je n’avais qu’une envie, m’arrêter pour récupérer et boire. Mais j’ai tenu bon. Et puis, la foule en liesse à mon arrivée reste un moment inoubliable. Totalement magique. J’ai été transportée pendant des mois. En fait, on se bat surtout contre soi-même. La clé ? Savoir gérer les descentes jusqu’à la fin… d’où la nécessité de faire beaucoup de volume pour préparer et habituer son corps, surtout sur d’aussi longues distances.
D’autres projets, des rêves ?
Je vais participer en juin à la Hardrock 100 car j’ai eu la chance incroyable d’être tirée au sort. J’aimerais aussi détenir le record du GR20 en Corse ou réaliser l’ascension de l’Aconcagua. Après ? Je continuerai à pratiquer que le trail pour me déplacer vite dans les montagnes.
Deux vidéos :
http://www.salomon.com/fr/blog/article/training-tips-for-busy-runners
http://www.salomon.com/fr/blog/article/caroline-chaverot-teacher-on-the-trails
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