Retenue collinaire de La Féclaz : un panneau réactive la polémique

par | 17 avril 2020

Un panneau de chantier vient d’être affiché sur la commune des Déserts, relatif au projet de construction d’une retenue collinaire. Quatre associations de défense de l’environnement dénoncent un « projet inepte et abusif ».

Le panneau a été mis en place le 2 avril. (DR)

Seraient-elles tombées dans le panneau ? Quatre associations (Les Amis de la Terre Savoie, Extinction Rébellion Chambéry, France Nature Environnement Savoie et Mountain Wilderness) s’insurgent en tout cas, dans un communiqué daté du 14 avril, contre la pose d’un panneau de chantier à La Féclaz sur la commune des Déserts. Elles y dénoncent, une fois de plus, la globalité du projet de création d’une retenue collinaire de 25 000 m3 sur place et le « lancement prochain » des travaux « en plein confinement ».
Un projet qu’elles jugent « inutile et écocide », que la « mairie des Déserts, avec le syndicat mixte Stations des Bauges », mèneraient, selon elles, « en catimini », « profitant de la crise sanitaire actuelle ». Des accusations d’autant plus lourdes que les associations rappellent aussi qu’un deuxième tour doit avoir lieu dans la commune avec très peu d’espoir pour le maire sortant, Michel André, arrivé en 38e position pour quinze sièges à pourvoir. « Les travaux vont-ils être lancés avant le second tour ? », s’interroge le porte-parole d’Extinction Rébellion, sans toutefois nier le fait que le commissaire enquêteur a donné un avis favorable au projet le 5 mars dernier.

« Assurer l’avenir du Revard »

Contacté par nos soins, Michel Frugier, président du syndicat mixte des Stations des Bauges (l’établissement qui porte le projet), assure quant à lui que la pose de ce panneau répond justement à sa stricte volonté de respecter les lois. « Dès qu’on a un permis d’aménager, dit-il, on a l’obligation légale de l’afficher. On a mis ce panneau de chantier bien en évidence, car il n’est pas question de cacher quoi que ce soit ! Rien ne sera fait avant la fin du délai de recours, qui devrait durer plus longtemps que prévu, jusqu’à cet été, au vu des circonstances exceptionnelles que nous vivons. » En tout état de cause, les travaux de devraient pas commencer avant le mois d’octobre, « si tout va bien ». Et le gros du chantier serait mené au printemps prochain pour une mise en service espérée en novembre 2021. « Je suis le maître d’ouvrage », tient-il à préciser. « Je sais qu’il y a des gens contre et je comprends qu’on puisse l’être. Ceux qui le veulent peuvent maintenant déposer un recours. Ce que nous voulons, c’est assurer l’avenir du Revard pour qu’on puisse encore y skier dans quinze ans. C’est quand même le premier site nordique de France ! »

« Deux aléas qui se superposent »

Depuis 2014, le syndicat réfléchissait à de tels équipements. Les études de faisabilité ont été lancées en 2016 et le projet d’un réseau d’enneigement artificiel a été adopté par le syndicat en avril 2019. L’enquête publique a suivi, du 23 décembre 2019 au 31 janvier 2020, portant sur la « demande de permis d’aménager une retenue collinaire destinée à l’alimentation d’une installation de production de neige artificielle ». Le 5 mars, le commissaire enquêteur délivrait un avis favorable, nonobstant les quelque 120 avis défavorables, contre 25 favorables. « S’agissant d’un permis d’aménager [ndlr : permis de construire dans le langage commun], il doit être examiné essentiellement vis-à-vis des règles d’urbanisme, et nous n’avons pas à nous prononcer sur l’opportunité de l’investissement envisagé », se défend le commissaire enquêteur. Il fait tout de même remarquer, dans ses conclusions : « Nous avons émis des remarques sur l’hypothèse climatique susceptible de conduire à l’impossibilité de produire de la neige de culture, non pas du fait du manque d’eau, mais du fait de la conséquence d’une température locale interdisant de produire une neige utilisable. Dans le domaine économique « privé », un tel élément serait intégrable dans l’aspect risque de l’investissement. Dans le domaine « public », est-ce acceptable ? En effet, on est face à deux aléas qui se superposent, celui bien connu de la météorologie et celui de l’incertitude sur la vitesse de l’accélération du réchauffement climatique qui va dépendre des mesures prises par les gouvernements […]. Si la présente enquête publique avait été préalable à une déclaration d’utilité publique, il est clair que nous aurions été appelé à formuler un avis défavorable. »
Si la réglementation a, pour l’instant, donné raison au syndicat mixte des Stations des Bauges qui compte sur cet équipement pour sécuriser les débuts et fins de saisons de son domaine nordique et de son stade de biathlon, la question du réchauffement climatique, soulevée par les associations protestataires, est un réel sujet d’inquiétude à long terme pour ce haut-lieu du ski de fond, qui s’étend sur des altitudes comprises entre 1 300 et 1 500 mètres.


EN CHIFFRES

Coût estimé du projet : 3,7 M€
Subventions attendues : entre 1,3 et 1,4 M€
Volume de la retenue collinaire : 25 000 m3
Alimentation en eau : par la source de la Cha, impropre à la consommation, en période de hautes eaux.
Objectif : enneiger la boucle principale du site nordique, le site de biathlon, les pistes goudronnées et la piste de ski alpin pour débutants (tapis des Trives).


Texte : Sylvie Bollard
Image d’ouverture : plan de situation du projet de réseau d’enneigement de La Féclaz (droits réservés)

3 Commentaires

  1. CATHERINE STEPHAN

    bonjour ,
    nous sommes également très inquiets concernant le projet de déviation que le maire sortant et mis en minorité au premier tour veut démarrer le plus rapidement possible . Les travaux consistent à creuser une tranchée d’environ 250 m sur 6 mètres de large et de profondeur et ce dans des veines de roches très dures . Le risque sanitaire en pleine épidémie du covid-19 lié à la poussière et les émanations de gasoil sur le chantier et la parcours des camions pour évacuer nous inquiète beaucoup . Je ne parle pas de la nuisance sonore liée à l’utilisation d’explosifs .
    a ce jour , malgré nos demande s, nous n’avons aucune informations concernant les modalités de ce chantier et ses conséquences
    merci de nous aider

    Réponse
    • black sheep

      malheureusement, je ne pense pas qu’ils vont vous répondre concernant les con-séquences … Ce serait comme écrire à syngenta, quelles sont les conséquences de leurs actes …

      en tout cas la débilité humaine ne s’est pas confiné ; et rassurez vous, il y a bien pire que corona…la preuve…

      déjà qu’ils avaient posé pléthore de goudron à la place des chemins juste pour satisfaire le ski à roulettes ^^…

      EN CHIFFRES
      Coût estimé du projet : 3,7 M€
      Subventions attendues : entre 1,3 et 1,4 M€
      Volume de la retenue collinaire : 25 000 m3
      tout çà est d’une débilité sans nom ; par contre si un jeune aurait un projet de cultures légumières qui respectent les sols et biodiversité, là pas d’inquiétudes , zéros aides en vue !

      Réponse
  2. Flandre

    C’est la station où nous allons régulièrement en famille. Avec une construction pareille qui va polluer le paysage et l’environnement et contribuer au réchauffement climatique nous n’irons plus. Comme pour tout c’est encore une histoire d’argent. L’environnementale et la sauvegarde de la planète passe après. C’est inadmissible.

    Réponse

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