Sillonné par plusieurs autoroutes, relié par TGV à Paris et ouvert sur l’aérien avec Grenoble-aéroport, l’Isère se mobilise pour la survie d’une des plus belles lignes ferroviaires de France.
À sa mise en service, en 1878, cette ligne ferroviaire était l’unique desserte de Lyon à Marseille, via Grenoble. Tractés par des locomotives à vapeur, les convois escaladaient le col de la Croix haute, négociant 22 viaducs et 28 tunnels. Aujourd’hui, cette ligne – les panoramas qu’elle offre en font l’une des plus belles de France – est menacée de fermeture. Alors, de Grenoble aux collines du Trièves, de Vizille à Clelles en passant par Vif et Monestier-de-Clermont, élus et usagers se mobilisent. Ancien maire du Percy (commune de 200 habitants), le sénateur Guillaume Gontard n’est pas le moins actif. Tout comme la sénatrice Frédérique Puissat, élue de la Matheysine, il dénonce « l’avenir de plus en plus sombre de cette ligne, le désengagement de la SNCF et l’attentisme de l’Etat ».
Car cette ligne, pour aussi spectaculaire qu’elle soit, a mal vieilli. Faute d’entretien, l’état de la voie unique est tel que, dans certains secteurs, les autorails doivent réduire leur vitesse de 80 à 50 km/h. Plusieurs ouvrages d’art (10 viaducs dépassent 100 m de long et 3 tunnels mesurent plus de 500 m) ne sont franchis qu’au ralenti. « Elle fait partie des lignes dont la SNCF ne veut pas financer la remise en état des voies et la signalisation, estimée à 50 M€ », explique le sénateur, rappelant que « l’arrêt d’exploitation de la ligne doit intervenir en décembre 2020 ». Marie-Claire Terrier, maire de Clelles, agite le chiffon rouge. « Si on ferme la ligne, on ferme le territoire », dit-elle.
Conscients que les TER qui, dans un sens ou dans l’autre, transportent quotidiennement un millier de passagers, la Région Aura (compétente en matière de transports), le Conseil départemental de l’Isère et Grenoble Alpes Métropole sont prêts à s’engager financièrement. Tout comme la Région Paca puisque cette ligne se poursuit en Haute Provence. Quant à Elisabeth Borne, ministre des Transports, elle attend « le résultat d’études sur la rentabilité de la ligne pour l’inscrire ou non au sein du Contrat Etat-Région ».
Autre train pas comme les autres, la ligne touristique du chemin de fer de La Mure, pour sa part échappe aux mêmes tracas. Rénovée aux frais du Département, elle rouvrira à l’été 2020.

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Par Jacques Savoye
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