Trophées ECO : des parcours multiples, une passion unique

par | 12 décembre 2024

Les Trophées ECO 2024 ont permis d’illustrer la richesse, le dynamisme et la diversité de l’économie locale.

Depuis 2022, ECO Savoie Mont-Blanc et son partenaire le Crédit agricole ont souhaité valoriser à la fois la parution du TOP 500 – Palmarès des entreprises et quelques-uns des joyaux économiques du territoire, quels que soient leur taille ou leur secteur d’activité.

En résulte cinq trophées : un directement lié au Top 500, “meilleure entrée”, pour saluer la forte croissance d’un “petit” parmi les grands ; trois “initiatives” thématiques (RH, Innovation et Environnement) et un coup de cœur du jury. Jury traditionnellement composé des deux coorganisateurs (Éco et CADS) et de trois structures d’appui à l’économie locale : cette année, la CCI Haute-Savoie, Initiative Grand Annecy et l’Université Savoie Mont Blanc (et sa fondation).

La sélection, issue des propositions initiales des cinq jurés, fut, comme toujours, très difficile. Mais, pour drastique qu’elle soit, elle a le mérite d’illustrer la richesse et la diversité de l’économie locale.

Quant à la remise des trophées (mardi 10 décembre), après une table ronde dédiée à l’innovation (lire pages 12-13), elle fut aussi, devant près de 200 personnes, l’occasion de voir à quel point les entrepreneuses et entrepreneurs lauréats recueillaient là les fruits non seulement de leur performance mais également de leur passion. Passion pour leur métier, passion d’entreprendre et passion aussi pour ce territoire, qui ne cesse de générer d’inspirantes “pépites”.

Meilleure entrée au Top 500 : Aptar Reboul

En 2024, Aptar Reboul (Chavanod – 74) entre à la 362e position du Top 500 des entreprises en Savoie Mont-Blanc. Cette entrée dans le classement signe une renaissance pour cet industriel dont l’histoire a commencé en 1921. Expert dans la fabrication de tubes de rouge à lèvres, Reboul a longtemps été un fleuron du tissu économique annécien et a compté jusqu’à plus de 500 salariés (une centaine aujourd’hui).

Après de multiples rachats et plans sociaux, la reprise en 2018 par le groupe Aptar lui a rouvert de nouveaux horizons. « Le plan de transformation que nous avons conduit s’est appuyé sur une analyse financière de la situation, bien sûr, mais aussi du marché et des savoir-faire du site haut-savoyard », a rappelé Bruno Foulogne, directeur régional des opérations et directeur de site pour Reboul.

Conduit avec le soutien de son actionnaire, ce plan a permis de diversifier la production, avec désormais une gamme qui s’étend aux mascaras, vernis à ongles et d’autres emballages pour la cosmétique contenant du métal. Le chiffre d’affaires a ainsi été multiplié par trois entre 2021 (7,5 M€) et 2023, où les ventes atteignent les 20,5 M€.

Aptar a parallèlement investi, en 2023, 42 M€ dans une nouvelle usine près d’Oyonnax (Ain), tout en continuant d’entretenir son autre site d’Annecy, Graphocolor, qui est « l’usine ayant la plus grosse capacité d’anodisation du métal au monde, capable de produire chaque année deux milliards de pièces », a souligné avec enthousiasme Bruno Foulogne (qui le dirige également) lors de la remise du trophée. Les complémentarités des trois sites ne sont pas étrangères au regain de vitalité de Reboul.

Initiative RH : Inddigo

Le bureau d’études et d’ingénierie chambérien Inddigo (CA 2024 : 35 M€, et 40 M€ attendus en 2025) est récompensé pour la gestion globale de ses ressources humaines.

Le groupe est né, dans les années 1980, des activités développées par Philippe Vachette au sein de Trivalor. « Sur une bretelle d’autoroute, près de Bordeaux, il avait aperçu des bennes remplies de déchets et s’est dit qu’il y avait sans doute là un gisement à valoriser. C’est comme cela que les premières déchetteries sont nées, à Chambéry », a rappelé Sylvain Gumuchian, directeur général délégué, en recevant le trophée.

Depuis, Inddigo s’est diversifié et accompagne les acteurs publics et privés dans leur transition en matière d’économie circulaire et déchets, énergie, bâtiment, mobilité et logistique, aménagement… Il a multiplié par deux ses effectifs en quatre ans (93 recrutements en 2024 !), passant de 241 salariés fin 2021 à bientôt 500 (le cap sera franchi en 2025).

« Notre capital est entièrement détenu par les salariés, qui peuvent devenir actionnaires après un an de présence et ne peuvent conserver leur part lorsqu’ils quittent le groupe », précise Corinne Bardou, directrice des ressources humaines. Cet actionnariat salarié, qui concerne 57 % des effectifs, est un moyen de partage de la valeur, complété aussi par des plans d’intéressement et de participation particulièrement avantageux. Transparence sur les salaires (dont l’écart maximum va de 1 à 4) et gouvernance partagée figurent également parmi les mesures RH qui, si elles rebutent certains candidats, sont aussi un facteur d’attractivité pour Inddigo et ses seize sites en France métropolitaine et Guadeloupe.

Initiative Innovation : FA Gerbelot

« Fais ce que les autres ne font pas ! ». L’adage de Pierre Gerbelot, le grand-père fondateur (décédé en 2007), a bercé l’enfance d’Adeline et Mathieu Parmentier, la troisième génération à piloter Fabrications automatiques Gerbelot (CA 2023 : 4,6 M€ ; 35 personnes).

La PME de Cluses reçoit un trophée récompensant sa capacité à entreprendre et à se différencier à de multiples niveaux. En RH, elle a adopté depuis des lustres la semaine de quatre jours. « À l’origine, c’était… pour pouvoir aller au marché ! Aujourd’hui, c’est un moyen d’attirer et de fidéliser les salariés », expliquent les deux jeunes entrepreneurs.

Mais c’est pour son activité industrielle qu’elle s’est fait un nom à l’international, avec ses cages de roulements pour environnements contraints, grâce à sa maîtrise technique et industrielle (coconception, optimisation de pièces ou de processus…). Une maîtrise qui repose en partie sur la fonderie qu’elle a créée en 2013, à Marnaz. Là, il s’agissait de faire « ce que les autres ne faisaient plus » (la fonderie qui les approvisionnait fermait), au prix de 4,5 M€ d’investissement. Avant de se lancer, Alain Parmentier (toujours président) s’est tout de même assuré que ses enfants allaient bien le rejoindre dans l’entreprise.

Enfin, FA Gerbelot, qui est aujourd’hui engagée dans le renouvellement de ses machines et le développement de la fabrication 3D, continue d’innover, depuis près de cinquante ans, avec ses articulateurs dentaires : des simulateurs de mâchoires, destinés aux prothésistes, dentistes et structures de formation. Ils sont distribués dans près de 25 pays. Elle planche même actuellement sur un articulateur pédiatrique pour aider àmieux soigner les enfants : un projet “coup de cœur” dont les bénéfices seront reversés à des associations.

Initiative Environnement : Meuhvélec – Léman Biogaz

En 2012, lorsqu’il rejoint ses parents dans la ferme familiale, à Veigy-Foncenex (74), Loïc Detruche a déjà une idée en tête : la méthanisation. « J’avais étudié cette filière durant mon BTS. En 2017, je suis devenu le premier producteur en Rhône-Alpes de biogaz injecté dans le réseau », raconte-t-il.

La mise en service de son unité de méthanisation lui permet d’apporter des revenus complémentaires à la ferme, qui pratique les grandes cultures (220 hectares) et l’élevage de bovins pour la viande et de poules pondeuses. Mais l’objectif est aussi de travailler autrement et de limiter les apports en engrais de synthèse grâce au digestat issu de la méthanisation : les intrants chimiques ont été complètement supprimés en prairie et diminués de près de 75 % sur les champs de cultures céréalières.

L’activité profite à la ferme Detruche mais aussi à cinq exploitations voisines, dont deux apportent de la matière première (lisier et fumier), les trois autres ne faisant qu’acheter le digestat. Pour l’heure, 12 000 tonnes de biodéchets sont ainsi valorisées chaque année. Un volume destiné à être vite dépassé puisque Meuhvélec – Léman Biogaz a investi, en début d’année, dans un déconditionneur : une machine à séparer les emballages pour les biodéchets issus des invendus de la grande distribution. Collectivités (déchets verts), restauration et cantines doivent aussi venir faire grossir les “appros”.

Le trophée vient récompenser le caractère pionnier du fermier, son volontarisme (il ne désespère pas de venir à bout des barrières douanières et ainsi de pouvoir travailler avec la Suisse toute proche), mais aussi la prise de risque de l’entrepreneur : près de 6 M€ ont été investis depuis 2017 par la TPE (3 équivalents temps-plein).

Coup de cœur du jury : Capri

Arrivé de Calabre à l’âge de 11 ans, Tino Capri a 30 ans lorsqu’il crée, en 1966, son entreprise de taille de pierre, à Saint-Pierre-en-Faucigny. En 1978, il est rejoint par son fils, Dominique. Dans les deux cas, les épouses sont aussi dans la société. « Nous représentons donc la troisième génération à diriger, en couple, la société Capri », rappelle Bruno Capri qui travaille depuis 2005 avec Émilie à ses côtés.

Capri va chercher ses pierres naturelles dans le monde entier, mais « les 25 000 tonnes que nous traitons chaque année [pierres pour les sols, les murs, les éléments type vasques, plans de travail, mobilier… NDLR] arrivent par conteneurs jusqu’au port de Marseille, puis prennent le train ou le fleuve et enfin la route, sur les derniers 200 km : cette approche multimodale nous permet d’afficher un bon bilan carbone », explique Émilie Capri.

Le même souci environnemental est apporté à la production. Car, depuis 2022, la société s’est (re)mise à la découpe, abandonnée à la fin du XXe siècle. Cette activité nécessite beaucoup d’eau et Capri a donc installé un système qui permet de fonctionner en circuit quasi fermé (98 % de récupération).

Le trophée salue cette histoire familiale, ce retour à la production et ce souci environnemental. Mais il récompense aussi une entreprise qui emploie plus de 40 % de femmes (sur 35 personnes, dont 10 en Suisse ; près de 10 M€ de CA consolidé) et qui a su s’exporter : alors que le grand-père, n’avait pas voulu transmettre la nationalité italienne à ses enfants, ceux-ci ont hérité du passeport helvétique… par leur grand-mère. Un atout de taille au moment de racheter un confrère valaisan (en 2015) ou de commercer avec les nombreux clients genevois.


Sophie Boutrelle et Eric Renevier

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