Plus besoin de se déplacer en mairie, la gendarmerie de Jayat peut visionner, directement, les images des caméras d’Attignat.
Derrière son PC, dans un local dédié de la gendarmerie de Jayat, l’adjudant-chef Lionel Ribeiro a accès à l’ensemble des images de la trentaine de caméras de vidéosurveillance de la commune d’Attignat. Il lance une recherche avec une partie du numéro d’immatriculation de la voiture du Syndicat intercommunal d’énergie et de e-communication de l’Ain (SIEA), dont le président, Walter Martin, n’est autre que le maire de la commune.
Le véhicule apparaît aussitôt à l’écran et il peut suivre son périple. Mais, le militaire aurait pu tout aussi bien effectuer sa recherche sur une période donnée ou sur une partie délimitée du champ d’une caméra en particulier. « Nous avons une enquête en cours où les mis en cause disent qu’ils étaient à Lyon, ce jour-là. Mais, nous avons l’un d’eux à l’image dans les rues d’Attignat. Il va falloir s’expliquer », raconte-t-il.
Pour le chef d’escadron Florian Ballier, commandant de la compagnie de Bourg-en-Bresse, « la vidéo a montré son utilité de longue date ». La preuve par l’interception, en décembre 2023, 30 minutes après leur méfait, des voleurs à main armée d’un commerce de Saint-Julien-sur-Reyssouze. « Imaginez le temps gagné s’il n’avait pas fallu qu’un gendarme se rende en mairie pour consulter les images », relève celui qui se décrit comme « un VRP de la vidéo et, à présent, de ce système proposé par le SIEA ».
Grâce à la fibre
Ce service a en effet été rendu possible par le déploiement d’un réseau d’initiative publique de fibre optique sur le département.
« Une opération à 700 M€ financée par notre syndicat, l’État, la Région, le Département et nos communes adhérentes, rappelle Walter Martin. Ce réseau n’a pas seulement vocation à donner accès au très haut débit via les opérateurs numériques, mais également à déployer un certain nombre de services à destination des collectivités, dans le cadre d’un projet baptisé “Territoire ingénieux et durable de l’Ain” (Tida). Ce projet a pour objectif de leur permettre de mieux piloter leurs équipements, comme l’éclairage public, les capteurs d’environnement dans les établissements scolaires, les installations de recharge des véhicules électriques ou encore, à la demande des communes, la vidéoprotection. »
Outre Attignat, la municipalité de Saint-Bernard a également expérimenté ce système qui, s’il était généralisé, faciliterait plus encore le travail des gendarmes en leur permettant de suivre le parcours des délinquants sur plusieurs communes. Une vraie optimisation des moyens !

En pratique
Si les gendarmes n’ont pas besoin de déranger le maire à chaque fois qu’il leur faut visionner des images de vidéosurveillance, celui-ci reste tout de même garant de leur bon usage. Il reçoit un journal de bord des consultations et valide l’utilisation des extraits demandés dans les procédures. Ce système déporté utilise une connexion différente de celle de la gendarmerie, avec un abonnement dédié, simplifié, à 10 euros par mois. Du côté d’Attignat, la maintenance de la trentaine de caméras et du réseau de vidéoprotection de la commune représente une dépense de 12 500 euros par an.
Sébastien Jacquart
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