Régionalement, le projet Hercule pourrait avoir un impact très direct : la privatisation de l’exploitation des grands barrages hydroélectriques.
«Ce n’est pas pour nous qu’on se mobilise : c’est pour défendre le service public !». Fabrice Coudour, dirigeant de la fédération mines-énergie de la CGT souligne que le projet de réorganisation d’EDF, baptisé Hercule, ne menace pas, en tous cas pas dans l’immédiat, le statut des personnels, le gouvernement insistant sur les «garanties» apportées en la matière.
Pourtant agents d’EDF – main dans la main avec ceux d’Engie (ex-GDF) qui se battent contre le pendant d’Hercule pour le gaz, le projet Clamadieu – sont très remontés. Ils viennent d’enchaîner trois journées de mobilisation : 26 novembre, 10 décembre et 17 décembre, avec occupations de sites, mise hors production temporaire de centrales…
Dans un tract, la CGT souligne qu’avec l’ouverture du marché de l’énergie, au début des années 2000, les tarifs ont explosés : +75% pour le gaz depuis 2005, + 36% pour l’électricité depuis 2003. Le syndicat dénonce en outre «des interventions [des agents] devenues payantes» pour l’usager et «les fermetures de nombreuses agences de proximité».
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Et la privatisation des barrages : toujours d’actualité ?
Régionalement, le projet Hercule, qui prévoit une réorganisation d’EDF en plusieurs sociétés en fonction de l’activité (dont une société EDF Azur pour l’hydroélectricité), pourrait avoir un impact très direct : la privatisation de l’exploitation des grands barrages hydroélectriques.
Le gouvernement avance l’argument d’une obligation de mise en concurrence imposée par l’Union européenne (UE). Les syndicats n’ont pas la même analyse : il y a, selon eux, dans le droit européen, la possibilité de sortir ce domaine du champ concurrentiel, en le plaçant parmi les services d’intérêt économique général. Le sujet suscite l’opposition de nombreux élus (locaux et parlementaires) dans les territoires directement concernés, transcendant les clivages partisans.
Que ce soit au niveau du contenu précis du projet Hercule ou en ce qui concerne plus globalement les discussions entre la France et l’Union européenne autour de l’énergie, l’intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CGT, FO), rassemblée ce jeudi 17 décembre, fustige «l’opacité» des discussions en cours, dont les syndicats sont exclus (en interne comme à l’externe avec le gouvernement ou l’UE).
«On sent depuis quelques semaines beaucoup d’agitation en coulisses sur ces dossiers, d’où nos trois journées d’action, conclut Fabrice Coudour. Du côté des agents, il y a beaucoup de colère et une très forte mobilisation.»
Crédit photo : © Yvan Tisseyre / OT Vallée d’Aulps
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