Le numéro 2 français du carrelage a été placé en redressement judiciaire le 14 octobre. Il devrait être repris le 2 décembre.
«Nous étions partis pour une année record, mais nous avons subi des retards de chantier sur nos quatre principales commandes. Les difficultés de trésorerie qui en ont découlé nous ont d’abord poussés à nous placer sous mandat ad hoc [ndlr : procédure volontaire et confidentielle auprès du tribunal de commerce], mais cela n’a pas suffi. L’entreprise a donc été placée en redressement judiciaire le 14 octobre et nous recherchons actuellement un repreneur. »
Problèmes de trésorerie
Président de Mignola carrelages (siège : Challes-les-Eaux) et du groupe éponyme, Patrick Mignola ne cache pas qu’il vit « un véritable crève-coeur ». Fondée par son père Edmond en 1968, l’entreprise devrait sortir du giron familial d’ici quelques semaines : le tribunal devrait examiner les différentes offres de reprises le 2 décembre.
« En termes de patrimoine familial, ce n’est évidemment pas une bonne opération : on ne gagne rien, souligne celui qui codirige l’entreprise avec sa soeur, responsable des achats, ainsi qu’un directeur général, Pascal Giraud. Mais c’est le seul moyen d’assurer la pérennité de l’entreprise. » Le groupe Mignola compte « une centaine de salariés sur Mignola Carrelages et une trentaine sur les filiales autour ».
Comment en est-on arrivé là ? Mignola Carrelages a connu une croissance importante – mais pas toujours linéaire – en une décennie : 15,6 millions d’euros de chiffres d’affaires fin 2007, 28,7 millions dix ans plus tard (source : societe.com). Et si 2017- 2018 (les exercices sont maintenant clos fin septembre) était en repli à 27 millions, la société s’attendait à franchir, pour la première fois, le seuil des 30 millions en 2019. Elle flirtait même avec 32 millions d’euros de commandes signées il y a un an (fin septembre). C’était avant que la machine ne se grippe.
« NOUS AVONS TROIS CONTACTS SÉRIEUX POUR LA REPRISE. NOS SAVOIRFAIRE INTÉRESSENT DES GROSSES STRUCTURES. »
« Nos charges fixes sont de 2 millions par mois. Si nous n’encaissons pas un niveau équivalent de chiffre d’affaires, nous pouvons tenir un petit moment, mais pas dans la durée. Or, sur le premier semestre 2019, en raison de retards sur les chantiers où nous devions intervenir, nous n’avons encaissé que 9,5 millions sur les 14 attendus », détaille le dirigeant. Les donneurs d’ordre ont « plutôt joué le jeu, avec des avances forfaitaires », mais cela n’a pas été suffisant.
« Notre capital social est de plus de 2 millions d’euros, ce qui est déjà conséquent. Nous avons 80 chantiers ouverts et 300 signés, pour un carnet de commandes de 25 millions d’euros. Notre endettement moyen et long terme est faible et nous n’avons que des dettes de court terme pour faire face à notre besoin en fonds de roulement. Nous n’avons pas de pertes d’exploitation sur les chantiers en cours », souligne Patrick Mignola.
« L’entreprise est saine »
Dit autrement : « L’entreprise est saine. » Et elle devrait donc susciter l’intérêt de repreneurs. « Nous avons trois contacts sérieux, confirme le dirigeant, pour le moment tenu au secret sur leur identité. Nos savoir-faire intéressent des grosses structures en recherche de complémentarité. » Il n’y a donc a priori « pas de risque de démantèlement. »
Si l’activité du BTP dans la région – Mignola réalise 70 % de son chiffre d’affaires en Auvergne-Rhône-Alpes – demeure dynamique, les marges des entreprises du second oeuvre restent faibles. « Elles ont même baissé de 10 % en dix ans », assure Patrick Mignola qui évoque, au niveau de son groupe, des marges qui ne dépassent pas les 3 % à 4 % par an.
Par Éric Renevier
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