Confrontés à une pénurie de conducteurs, les Chemins de Fer Fédéraux (CFF) suisses suppriment des dizaines de trains. L’Office fédéral des transports menace de couper
certains financements.
De leur propre aveu, il manque actuellement quelque 211 conducteurs de trains aux Chemins de fer fédéraux suisses (CFF). Cette véritable pénurie impacte la capacité de l’ex-régie fédérale à assurer « l’horaire » sur de nombreuses lignes dans tout le pays. En conséquence, les CFF ont dû se résoudre à faire l’impasse sur des dizaines de correspondances et à ne pas réintroduire certaines prestations suspendues à la suite de la crise liée à la Covid-19. C’est ainsi près de 200 trains – sur les 9 000 habituellement en service les jours ouvrables – qui ne circuleront plus.
Dans la région de Lausanne-Genève et de Brigue, les trains supplémentaires ne seront par exemple plus proposés aux heures de pointe. Il en est de même pour les trains régionaux entre Lausanne et Saint- Maurice, Vallorbe et Le Brassus, Lausanne et Vallorbe. Ces mesures s’appliquent jusqu’à l’entrée en vigueur de l’horaire 2021, à compter du 13 décembre 2020. Pour le Léman Express, il faudra même attendre avril 2021 pour un retour à l’offre nominale. Au motif que les conducteurs ont besoin d’un temps de formation plus long pour se familiariser avec les spécificités de cette ligne transfrontalière sur laquelle circulent notamment deux types de rames : les Flirt de Stadler et les Régiolis d’Alstom.
Mais au fait, comment a-t-on pu en arriver à une situation aussi ubuesque ? « Dans le passé, les CFF ont commis des erreurs dans la planification des besoins, de l’engagement et de la formation des mécaniciens de locomotive », reconnaît sans ambages l’opérateur dans un communiqué diffusé la semaine dernière, avant de préciser : « Ces erreurs ont été corrigées en 2019 et le calendrier adapté aux besoins réels. » Las, c’était sans compter l’irruption d’une pandémie qui allait faire dérailler le calendrier.
« La crise du Covid-19 a aggravé la situation déjà tendue, car de nombreux cours de formation et de perfectionnement n’ont pu être dispensés pendant des mois. Par conséquent, l’achèvement des classes de formation est différé de deux à quatre mois. » Près de 340 mécaniciens seront en formation cet automne et le sous-effectif du personnel de locomotive devrait être réduit de moitié, soit environ 110 personnes, « d’ici mai 2021 ».
Furieux, l’Office fédéral des transports a fait savoir qu’il n’était pas au courant du fait que les CFF réduisaient leurs services et qu’il jugeait inacceptable l’interruption temporaire de lignes entières. Il a également menacé de couper les financements pour les services prévus qui ne seraient pas assurés. Les cantons, qui commandent et cofinancent certaines prestations, se penchent également sur les conséquences de cette réduction unilatérale des services. Une chose est sûre, les CFF ont intérêt à mieux anticiper les départs des papy-boomers à la retraite – près d’un millier au cours des prochaines années – pour éviter de se retrouver à nouveau en retard.
Par Matthieu Challier
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