La mise en service du premier scanner corporel français à l’aéroport de Roissy relance la polémique. Jusqu’où accepterons nous de renoncer à nos libertés individuelles sous couvert d’améliorer notre sécurité ?
En l’occurrence, ce nouveau type d’appareils propose de nous déshabiller virtuellement, afin de vérifier que nous ne dissimulons aucun objet illicite (armes, explosifs) qui aurait pu ne pas être décelé par une fouille. Apparaître nu sous les yeux du douanier n’est peut être pas, finalement, un si grand sacrifice pour assurer notre sécurité, ni un tel affront à notre intégrité dans un monde où l’exhibitionnisme est en passe de devenir une religion, comme le soulignait récemment – avec humour – nos confrères du Monde (journal du 23 février : Nu intégral de Robert Solé).
Mais cette technologie est loin d’être isolée et la multiplication insidieuse de leurs utilisations commence à peser sur notre objectivité. Ainsi sommes-nous habitués depuis longtemps à ce que nos cartes à puces gardent la moindre trace de nos achats et donc de nos habitudes, de même que nous acceptons sans sourciller que nos téléphones portables soient un fil à la patte pour nous géolocaliser en permanence. Quant aux caméras de surveillance, elles nous épient dèjà partout : centre-villes, bâtiments publics, entreprises, cabines d’essayage…) et leur présence devrait encore être renforcée par l’adoption de la loi Lopsi 2.
Alors qu’il n’y a pas si longtemps, le projet de fichier Edwige avait du être retiré sous la pression de l’opinion publique, le chemin semble désormais tracé pour accepter le fichage numérique de chacun. La biométrie s’en charge et l’implantation de cartes à puces sous nos peaux viendra bientôt la renforcer.
D’ailleurs, à voir la débauche d’informations personnelles laissées par les jeunes générations sur Facebook, on ne peut douter de notre renoncement consenti à toute vie privée.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » avertissait pourtant Rabelais…
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