L’épidémie COVID-19 va-t-elle avoir raison de la fragile santé de l’économie actuelle ?
La nouvelle est tombée mardi : « Le Simodec, salon international de la machine-outil de décolletage, qui devait se tenir au parc des expositions de la Haute- Savoie à La Roche-sur-Foron, est reporté ». L’organisateur Rochexpo a dû se soumettre à l’arrêté préfectoral. Lors de sa dernière édition, en 2018, le salon revendiquait 11 % de visiteurs étrangers et des exposants en provenance de dix pays, dont l’Italie et la Chine.

Il est encore trop tôt pour chiffrer le coût de ce report, mais il sera à l’évidence conséquent : les exposants avaient commencé à installer leurs machines (il devait y en avoir 250, dont une de 22 tonnes), et les services techniques à tirer les câbles électriques et les tuyaux d’air comprimé qui allaient transformer les halles du parc en une gigantesque usine. En outre, comment compter le manque à gagner pour l’écosystème ? Il y a deux ans, le Simodec chiffrait son utilité à « 7 millions d’euros de retombées directes sur la filière événementielle, 4,3 millions de retombées indirectes (tourisme, hôtellerie, restauration, transports) et plus de 48 millions de flux d’affaires entre exposants et visiteurs. »
REPORTS À LA CHAÎNE
Sale temps pour les organisateurs de salons. Cela ne consolera pas Philippe Carrier, le président de Rochexpo, mais GL Events, géant du secteur, vient d’annoncer coup sur coup les reports de la Foire de Lyon (elle était prévue du 20 au 30 mars, elle se tiendra du 1er au 24 mai) ; et de Global Industrie (ex-Midest), qui devait avoir lieu à Paris du 31 mars au 3 avril et qui est décalée du 9 au 12 juin. À Grenoble, Alpexpo reporte également son salon Mountain Planet, qui devait se dérouler du 22 au 24 avril.

Le grand rassemblement suivant, c’est la foire internationale de La Roche-sur-Foron, du 30 avril au 10 mai… Pour l’heure, l’épidémie continue plutôt de s’étendre. Ce mercredi (derniers chiffres officiels connus au moment de notre bouclage), la Haute-Savoie était touchée avec une quarantaine de cas, essentiellement autour de La Balme-de- Sillingy, et la Savoie avec deux cas. Les campagnes municipales tournent au ralenti et les manifestations sont annulées les unes après les autres, à l’instar de la finale du trophée Robotfly, à Cluses.
LE TOURISME INDEMNE ?
Quelle incidence va avoir cette crise sur l’économie des Pays de Savoie ? Les entreprises recourent au télétravail et à la visioconférence, mais elles subissent forcément les contrecoups d’un ralentissement mondial. La fédération nationale des transports de voyageurs tire la sonnette d’alarme : « Depuis le 2 mars, 95,7 % des entreprises subissent des annulations de voyages scolaires et touristiques ; 79 % des annulations de prestations de transports à destination de pays de l’Union européenne ». Les quarantaines freinent également les transports de fret, donc les approvisionnements.

Le syndicat professionnel de l’hôtellerie-restauration GNI déplore une baisse de 10 à 20 % de la fréquentation depuis quinze jours, « notamment en Auvergne- Rhône-Alpes ». Et les stations de ski ? À en croire les responsables interrogés, le secteur ne souffrirait pas de la crise. Peu d’annulations, affirme-t-on à Savoie Mont Blanc tourisme. La saison se déroule normalement dans certaines comme sur le domaine franco-italien de La Rosière, alors que dans d’autres, à l’instar de Chamonix, quelques hôtels enregistrent des annulations de clients étrangers (Américains et Chinois notamment).
Ce sont surtout les groupes et les séminaires qui renoncent à se déplacer. Par ailleurs, plusieurs manifestations phares viennent d’être annulées : Rock the pistes aux Portes du Soleil, Glisse en Coeur au Grand-Bornand, Snowboxx à Avoriaz. Reste la question de fond : le coronavirus provoque-t-il un ralentissement passager ou va-t-il précipiter l’économie dans une crise plus profonde ? C’est bien connu, les organismes les plus fragiles sont les plus sensibles aux maladies.
Par Philippe Claret
LE POINT AU JEUDI 5 MARS À 15H00



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