Muscler sa sécurité intérieure pour résister à l’hyper-connexion. Découvrez cette semaine, dans la chronique Bien-être de Jean-Marc Cottet, quelques éléments de réponse…
Quel plaisir de vivre à notre époque ! Les bouleversements technologiques ouvrent, à rythme soutenu, de nouvelles possibilités. Ainsi, internet et les smartphones nous permettent de démultiplier notre potentiel de rencontre, de connaissance, d’ouverture sur le monde ! Imaginez l’énergie déployée par nos ancêtres, taillant la route durant des années pour passer d’une vallée à l’autre. Pensez aux colporteurs, acheminant les nouvelles au rythme lent de leurs pérégrinations. Je me réjouis de pouvoir aujourd’hui échanger sans limite de distance, au moment qui me convient le mieux et instantanément, avec les personnes que j’aime, mes partenaires économiques ou un auteur dont le livre m’a touché. Soyons honnêtes, la grande majorité des mails que j’envoie, aboutissent, après avoir fait le tour du monde, à quelques kilomètres de mon bureau. Et ils supportent aisément un délai de réponse de plusieurs jours. Pour autant, cette ouverture du champ des possibles représente un fort potentiel pour magnifier la richesse de l’humanité.
Tout n’est cependant pas rose. Les sociologues nous rappellent que ce changement a des conséquences sur la marche du monde : nous perdons des repères ancestraux, et réagissons par un besoin de proximité. C’est positif car cela dynamise la vie locale. C’est dangereux lorsqu’il en résulte de la xénophobie. La technologie pose également des problèmes de santé et d’équilibre personnel. L’actualité nous alerte sur les risques liés à une hyper-connexion professionnelle, croisement des impératifs de productivité et du potentiel technologique. Face à cette réalité, une nouvelle loi affirme notre droit à la déconnexion. Elle rappelle aux entreprises qu’elles ne doivent pas mettre leurs salariés sous une pression ingérable. Et c’est salutaire.
Mais ce phénomène concerne aussi notre vie privée. Nous passons beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. Chez soi comme en entreprise, l’hyper-connexion est souvent présentée comme l’indicateur d’une recherche de lien social. Nous irions chercher, chez nos “amis”, ou chez nos collègues, une forme de reconnaissance. La réponse à un manque. Rien de pathologique, simplement la mise en lumière d’une faille existentielle ! Dans ce cas, rédiger une circulaire ou bloquer l’accès aux mails le soir et le week-end n’a qu’une efficacité limitée.
Deux mesures à mettre en oeuvre
Il est beaucoup plus efficace de muscler notre sécurité intérieure. Elle nous permet, notamment, de faire le tri dans les urgences et de fixer une limite aux injonctions illégitimes. Ces mesures permettront aux salariés d’être plus solides pour résister à l’hyper-connexion :
- Introduire dans l’entreprise des espaces de détente, bien équipés, et reconnaître à chaque salarié la possibilité de faire une ou plusieurs pauses, à son rythme, durant les heures de travail. C’est un bon moyen d’inscrire dans la culture d’entreprise le droit à la déconnexion.
- Proposer des formations à la pleine conscience. Le “mindfulness” permet de muscler sa sécurité intérieure. Sous forme de séminaires d’entreprise ou en proposant des séances individuelles, vous trouverez la bonne formule pour rendre cette activité accessible à tous.
Avec une sécurité intérieure bien charpentée, nous pouvons utiliser le formidable potentiel de bien-être que la technologie nous offre. Choisir, par exemple, de répondre aux mails le dimanche soir pour prendre le temps, lundi matin, de traîner avec des amis sur une terrasse ensoleillée avant de se rendre au bureau… Ou décider de ne pas répondre instantanément à un mail arrivé tard dans la nuit, pendant que l’on échange par Skype avec un proche.
Quelle formidable liberté de pouvoir vivre à son rythme sans se couper de la relation aux autres ! Pour conclure, voici un bon moyen de vous entraîner : décidez de ne pas vous connecter à votre boîte mail un jour par semaine. Sauf bien sûr si vos collègues attendent des réponses urgentes. En ce cas, exceptionnellement, autorisez- vous à déconnecter deux jours par semaine. Allez, bon surf…
Par Jean-Marc Cottet
Conseil en entreprise
Organisateur du salon “On est bien”, à Annecy
http://jean-marc-cottet.fr/
Chronique réalisée dans le cadre de ResoHebdoEco
www.facebook.com/resohebdoeco
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