Dufy décorateur s’expose à Evian

par | 20 février 2017

Jusqu’au 5 juin, le Palais Lumière réunit quelque 200 œuvres de cet artiste, magicien de la couleur. De la peinture à la mode et aux arts décoratifs, l’homme a su s’affranchir des académismes.

Le Palais Lumière fait place, jusqu’au 5 juin à l’exposition «Raoul Dufy, le bonheur de vivre», une première rétrospective consacrée à l’œuvre de décorateur de l’artiste. Elle réunit quelque 200 œuvres – peintures, gouaches, aquarelles, dessins, gravures, pochoirs, céramiques, tapisseries et tissus imprimés- , qui illustrent un talent éclectique. On pourra aussi y découvrir de nombreux documents relatifs à son activité de décorateur, appartenant à des collections publiques. «Dufy est un artiste prolifique mais inclassable : à la fois moderne et classique, dessinateur et coloriste, peintre et décorateur. Il échappe aux simplifications dont sont friands les spécialistes», explique Olivier Le Bihan, commissaire de l’exposition.

Curiosité pour les techniques

Assumant l’héritage des graveurs du Moyen-Age et de la Renaissance ou encore celui des maîtres japonais tels Hokusai, Dufy tire une part de son expérience de décorateur des succès de ses premiers bois gravés. «Sa curiosité pour les techniques artisanales singularise encore sa démarche».

Passant de l’impression graphique à l’impression textile pour le compte du couturier Paul Poiret, puis pour la maison de soieries lyonnaise Bianchini-Férier, il associe l’exploration des connaissances pratiques à l’amélioration constante de son travail. Chercheur avant tout, l’homme expérimente une grande variété de techniques, trouve de nouvelles applications avec l’aide d’ingénieurs et de chimistes confirmés. Il créera des milliers de modèles pour Bianchini-Férier. Il assimile les techniques artisanales, les ajuste à ses besoins, et force l’admiration de ses collaborateurs.

Il lui faudra toutefois attendre l’Exposition internationales des Arts et Techniques appliqués à la vie moderne, en 1937, pour obtenir une reconnaissance méritée, qui s’illustre notamment à travers une vaste allégorie de 600 m2 dédiée à une invention, «La Fée Electricité», dont on appréciera à Evian les dix lithographies réhaussées. Les efforts continus déployés par l’artiste dans les registres les plus divers des arts décoratifs attestent qu’ils ne relèvent pas à ses yeux du domaine des arts mineurs. Selon Olivier Le Bihan, «ses réalisations démontrent de la parfaite maîtrise acquise dans l’art de composer et d’agencer un sujet».

Fructueuses collaborations

Dufy sait réconcilier les partisans du dessin et de la couleur, et sa sensibilité de décorateur, participe au raffinement de sa peinture de chevalet. Loin des débats théoriques, «le plaisir de peindre et le bonheur de vivre s’y retrouvent avec la même intensité, pour la plus grande joie de l’amateur», conclut le commissaire de l’exposition.

Celle-ci s’attache à mettre en valeur les multiples et fructueuses collaborations développées par Raoul Dufy entre 1910 et 1950, pour la création de soieries imprimées, de tissus d’ameublement et de tentures décoratives avec Paul Poiret et le soyeux Charles Bianchini ; la production de céramiques (carreaux, fontaines, vases, jardins de salon) avec Josep Llorens Artigas et Nicolau Maria Rubio i Tuduri ; la création de tapisseries, avec notamment Marie Cuttoli et les manufactures d’Aubusson ou Louis Carré ; la conception de décors et costumes de théâtre avec Jean Cocteau, Armand Salacrou ou Jean Anouilh.

Ouvrage collectif

A l’occasion de l’exposition, un livre consacré au travail de Raoul Dufy décorateur est publié par les éditions Snoeck. Cet ouvrage collectif, sous la direction d’Olivier Le Bihan, met en perspective les différentes sections de l’exposition consacrées à la création de tissus d’ameublement et de haute couture, à la réalisation de tapisseries et de céramiques, à la décoration murale et théâtrale.

 

 

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez également :

Édito | Le déficit et la guerre

« On a une stratégie claire : baisser les impôts, pour relocaliser, être le pays le plus attractif en Europe et réindustrialiser. C’est ce que nous sommes en train de faire. […] La réindustrialisation, c’est bon pour l’emploi », a déclaré Emmanuel Macron, le 11...

LIRE LA SUITE

Industrie : SAV France, une entreprise magnétique

SAV France, à Montmélian, filiale française du groupe allemand SAV, est spécialisée dans le magnétisme industriel. Créée en 2013, elle présente la particularité d’être détenue à 67 % par ses deux cogérants savoyards. SAV France, créée en 2013 par Vincenzo...

LIRE LA SUITE

ZAC Vetrotex : dans le “triangle d’or” de Chambéry

À Chambéry, les trois ZAC du centre nord : Grand Verger, Vetrotex et La Cassine forment un “triangle d’or” en pleine mutation. Sur la friche industrielle Vetrotex, plus de 800 logements sortent de terre… Le périmètre des trois Zac (zones d’aménagement concerté)...

LIRE LA SUITE

Publicité